Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/197

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XXIV. Commerce de la Chine avec les régions voiſines.

LA Chine eſt le pays de la terre où il y a le moins de gens oiſifs. Dans une région trop peuplée, malgré l’abondance de ſes productions, l’attente de la diſette qui s’avance, remplit tous les citoyens d’activité, de mouvement & d’inquiétude. Ils doivent être intéreſſés, bas, faux & trompeurs.

Cet eſprit d’avidité réduiſit les Chinois à renoncer dans leur commerce intérieur aux monnoies d’or & d’argent qui étoient d’un uſage général. Le nombre des faux monnoyeurs, qui augmentoit chaque jour, ne permettoit pas une autre conduite : on ne fabriqua plus que des eſpèces de cuivre.

Le cuivre étant devenu rare, par des événemens dont l’hiſtoire ne rend pas compte, on lui aſſocia les coquillages, ſi connus ſous le nom de cauris. Le gouvernement s’étant aperçu que le peuple ſe dégoûtoit d’un objet ſi fragile, ordonna que les uſtenſiles de cuivre répandus dans tout l’empire, fuſſent livrés aux hôtels des monnoies. Ce mauvais expédient n’ayant pas fourni des reſſources proportionnées aux beſoins publics, on fit raſer environ quatre cens temples de Foé, dont les idoles furent fondues. Dans la ſuite,