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Histoire philosophique
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nique, qui enveloppe, pour ainſi dire, l’Indien de tous les côtés, ne briſe tous les reſſorts de ſon âme, & ne le rende incapable des ſacrifices qu’exige le courage ? Le climat de l’Indoſtan s’oppoſe auſſi à de généreux efforts. La molleſſe qu’il inſpire, met un obſtacle invincible aux révolutions grandes & hardies, ſi ordinaires dans les régions du Nord. Le corps & l’eſprit également affoiblis, n’ont que les vices & les vertus de l’eſclavage. À la ſeconde, au plus tard à la troiſième génération, les Tartares, les Turcs, les Perſans, les Européens même, prennent la nonchalance Indienne. Sans doute que des inſtitutions religieuſes ou morales pourroient vaincre les influences phyſiques. Mais les ſuperſtitions du pays n’ont jamais connu ce but élevé. Jamais elles n’ont promis de récompenſes dans une autre vie, au citoyen généreux qui mourroit pour la défenſe ou la gloire de la patrie. En conſeillant, en ordonnant même quelquefois le ſuicide, par l’appât séduiſant des délices futures, elles ont sévèrement défendu l’effuſion du ſang.

C’étoit une ſuite néceſſaire du ſyſtême de la métempſycoſe. Ce dogme doit inſpirer à