Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/411

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

guerre dans les provinces. Dans la vue de faciliter cette retraite, quelques ouvertures de paix furent faites à Cortès : mais cette noble ruſe n’eut pas le ſuccès qu’elle méritoit ; & un brigantin s’empara du canot où étoit le généreux & infortuné monarque. Un financier Eſpagnol imagina que Guatimoſin avoit des tréſors cachés ; & pour le forcer à les déclarer, il le fît étendre ſur des charbons ardens. Son favori, exposé à la même torture, lui adreſſoit de triſtes plaintes : Et moi, lui dit l’empereur, ſuis-je ſur des roſes ? Mot comparable à tous ceux que l’hiſtoire a tranſmis à l’admiration des hommes. Les Mexicains le rediroient à leurs enfans, ſi quelque jour ils pouvoient rendre aux Eſpagnols ſupplice pour ſupplice, noyer cette race d’exterminateurs dans la mer ou dans le ſang. Ce peuple auroit peut-être les actes de ſes martyrs, les annales de ſes persécutions. On y liroit, ſans doute, que Guatimoſin fut tiré demi-mort d’un gril ardent, & que, trois ans après, il fut pendu publiquement, ſous prétexte d’avoir conſpiré contre ſes tyrans & ſes bourreaux.

XII. Idée qu’on doit ſe former du Mexique avant qu’il fût ſoumis à l’Eſpagne.

Si l’on en croit les Eſpagnols, Mexico,