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musique est, je crois, l’un de ceux qui doivent nous confondre le plus : que telle suite ou tel assemblage de notes, — à peine différent de tel autre qui n’est que banal, — puisse nous peindre des époques, des races, des contrées de la terre ou d’ailleurs ; nous apporter les tristesses, les effrois d’on ne sait quelles existences futures, ou peut-être déjà vécues depuis des siècles sans nombre ; nous donner (comme par exemple certains fragmens de Bach ou de César Franck) la vision et presque l’assurance d’une survie céleste ; ou bien encore (comme ce que me chante la guitare de cette femme) nous faire entrevoir les dessous féroces, épeurans et à jamais inassimilables, de toute japonerie !…


PIERRE LOTI.