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vices de construction pouvant donner naissance à d’autres forces perturbatrices ou accroître celles que nous venons d’examiner. Ainsi, comme nous l’avons indiqué tout à l’heure, la permanence de la forme, le cloisonnement du ballonnet, l’efficacité de son jeu sont des conditions nécessaires pour l’amortissement du tangage. Mais la forme du profil donné au ballon est aussi d’une importance de tout premier ordre.

1° Il ne doit pas être trop allongé. Avec un allongement trop grand, en effet, le frottement de l’air contre la surface de la carène tend à augmenter la résistance ; de plus, il devient difficile de réduire au strict nécessaire le nombre des suspentes sans risquer de voir le ballon se couper en deux par suite de la mauvaise répartition des poids ; enfin il y a diminution de la force ascensionnelle par rapport à la surface du ballon, c’est-à-dire, en fin de compte, augmentation relative du poids à enlever. Si on définit l’allongement par le rapport de la longueur de la carène au diamètre de sa section maximum (maître-couple), l’expérience montre qu’un allongement voisin de 6 est celui qui donne les meilleurs résultats, au moins pour les ballons fusiformes. Cet allongement était celui de la France, de la Patrie ; c’est aussi celui du von Parseval, du Lebaudy, de la Ville-de-Paris, etc. Toutefois, on tend aujourd’hui à augmenter ce chiffre : le grand dirigeable militaire de 7 500 mètres cubes, dont M. Julliot, le constructeur du Lebaudy et de la Patrie, a étudié le projet, aura 100 mètres de long et un maître-couple de 11m, 50 de diamètre seulement.

2° Tous les aérostiers français admettent, à l’heure actuelle, que pour amortir les balancemens et assurer la stabilité dans le plan horizontal, une carène, quand elle est fusiforme, doit être pourvue d’une proue et d’une poupe, c’est-à-dire constituer un fuseau dissymétrique ou, ce qui revient au même, se présenter sous un aspect plus ou moins pisciforme. Disons tout de suite que nos aérostiers ont, pour les appuyer dans cette question, la jeune et déjà brillante école italienne, ainsi que la grande autorité d’O. Chanute, le célèbre aviateur américain.

Il nous semble, d’ailleurs, qu’ils peuvent invoquer un certain nombre de raisons assez plausibles, entre autres que les poissons à marche rapide, les grands voiliers de l’atmosphère sont franchement dissymétriques ; ensuite, qu’un certain nombre d’expériences sur le mouvement dans l’eau de solides en ébonite,