Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA TROISIÈME BATAILLE DE LA SOMME [1]

La troisième bataille de la Somme, commencée le 8 août 1918, est un élément de cette chaîne de victoires qui se sont nouées l’une à l’autre depuis le 18 juillet jusqu’à la capitulation de l’ennemi en novembre. Mais c’est un élément essentiel. Une préparation qui est un chef-d’œuvre a permis une surprise foudroyante. La défaite des Allemands a été si complète que, ce jour-là, Ludendorff s’est senti irrémédiablement vaincu. Il a déclaré la guerre perdue et Il a engagé le gouvernement allemand à faire la paix.

Avant de raconter ces glorieuses journées, traçons le cadre d’opérations où elles se placent.

Le 15 juillet 1918, l’ennemi lance des deux côtés de Reims une offensive qu’il espère décisive. Il saisira tout le cours de la Marne de Château-Thierry à Châlons. De là, il tournera soit au Sud-Est pour tomber dans le dos de l’armée de Verdun, soit au Sud-Ouest pour amorcer l’opération finale sur Paris. Le commandement français a prévu cette double manœuvre, et il a formé de ses réserves deux groupements, dont chacun est opposé à l’un de ces desseins, tandis qu’une troisième masse, sous les profondes hêtraies de la forêt de Villers-Cotterets, est prête à tomber dans le flanc droit de l’ennemi. Le mécanisme joue exactement. : Le 15, l’attaque de la Ire armée Fritz von Below et de la IIIe von Einem à l’Est de Reims est arrêtée net, tandis que l’attaque de la VIIe armée von Bœhn à l’Ouest de Reims ne fait qu’un progrès limité et vite contenu. L’insuccès est si éclatant que Fritz von Below est disgracié et remplacé par ; le général von Mudra. D’autre part, Bœhn, tandis qu’il attaquait par son centre et sa gauche, avait son aile droite

  1. Voyez la Revue des 15 avril, 1er et 15 mai 1918.