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la Somme. La date de la bataille était fixée au 8 août. Les Canadiens venaient très secrètement prendre place derrière les Australiens, en attendant d’entrer en ligne à leur droite. Les tanks et la cavalerie ne furent rassemblés qu’au dernier moment.

Quand tout fut en place, l’ordre de bataille du général Rawlinson était le suivant : à l’aile droite, en contact avec les Français, le corps canadien, aux ordres du lieutenant-général Sir A.-W. Currie, avait en ligne ses 3e, 1re et 2e divisions canadiennes, avec la 4e en soutien ; au centre, le corps australien, aux ordres du lieutenant-général Sir J. Monash, avait en ligne les 2e et 3e divisions australiennes, les 5e et 4e étant en soutien ; enfin à gauche, au Nord de la Somme, le 3e corps, aux ordres du lieutenant-général Sir R.-H.-K. Butler, avait en ligne les 58e et 18e divisions, la 12e étant en soutien. En arrière, le corps de cavalerie britannique, formé de trois divisions sous les ordres du lieutenant-général Sir C.-T, Mc M. Kavanagh, devait se concentrer à l’heure de l’attaque à l’Est d’Amiens. Enfin une force mobile composée de deux brigades de mitrailleuses automobiles et d’un bataillon cycliste canadien, sous les ordres du brigadier général, devait exploiter le succès le long de la route Amiens-Roye.

Cette part de bonheur qu’il y a dans toutes les victoires fut accordée aux alliés. Le temps, qui leur avait si souvent nui dans cette guerre, était cette fois très favorable. Les jours qui précédèrent l’action, la pluie empêcha les Allemands d’observer les préparatifs ; les nuits sans lune masquèrent les marches. La veille de l’attaque, le temps se remit au beau. Le matin une brume épaisse servit l’assaillant, comme elle avait servi les Allemands le 21 mars. Au delà de 3 à 400 mètres, on ne voyait plus. L’ennemi ne se doutait de rien. Dans les bois où l’armée se rassemblait, on pouvait craindre qu’il ne fit un barrage de gaz : il ne le fit pas. On pouvait craindre que, toutes les communications des troupes passant par Amiens, cette ville ne fût violemment bombardée ; elle ne le fut pas.

Les Allemands attendaient cependant un choc devant Amiens. Pour en restreindre l’étendue, dans les premiers jours d’août, ils évacuèrent à leur droite les positions. qu’ils avaient au Nord d’Albert sur la rive droite de l’Ancre, et à leur gauche la tête de pont qu’ils avaient à l’Ouest de Moreuil. En démontant ainsi deux pièces de leur front, ils réduisaient la zone