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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/174

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d’attaque à la partie restée intacte entre ces deux limites. Enfin, deux jours avant l’attaque, le 6 août, ils exécutèrent un gros coup de main entre l’Ancre et la Somme, à l’Ouest de Morlancourt. L’affaire aurait pu avoir des suites sérieuses. L’ennemi avait pénétré dans les lignes britanniques et fait des prisonniers. Les prisonniers ne parlèrent pas et le secret resta exactement gardé. C’est un des traits de la bataille du 8 août que la surprise a été complète.

L’armée Rawlinson attaquait sur le front compris entre Ville-sous-Corbie au Nord, et le confluent de la Luce et de l’Avre au Sud. La liaison avec l’armée Debeney se faisait le long de la route d’Amiens à Roye par la brigade d’auto-mitrailleuses canadiennes. L’unité d’extrême-gauche de l’armée Debeney, au Sud de cette route, était cette célèbre 42e division , qui sous les ordres du général Grossetti, puis du général Deville, s’était couverte de gloire à Fère-Champenoise, à l’Yser , en Champagne en 1915, à Verdun et sur la Somme en 1916.


II

Le 8 août, à quatre heures trente du matin, dans le grand silence, on entendit-un, deux, trois coups de canon ; puis toute l’artillerie britannique ouvrit le feu. Les correspondants de guerre, qui avaient passé la nuit dans le bois de Gentelles, ont conservé le souvenir de cet immense et brusque déchaînement. Les batteries allemandes furent aussitôt dominées, quelques-unes avant même d’être entrées en action. En même temps, les tanks de l’infanterie se portèrent à l’assaut. Le brouillard favorisait leur marche. L’ennemi fut complètement surpris. La ligne des premiers objectifs, Demuin-Marcelcave-Cerisy-Sud de Morlancourt fut rapidement enlevée. Après une halte de deux heures, infanterie, cavalerie et tanks légers, coopérant avec précision, continuèrent l’avance. A la fin du jour, cette avance variait de 10 à 12 kilomètres. La ligne de défense avancée d’Amiens, marquée par un long ravin circulaire entre Morcourt au Nord sur la Somme et le Quesnel au Sud sur la route de Roye, et jalonnée par Harbonnières et Caix, était enlevée sur tout le front. Seul, le village de Quesnel à l’extrême-droite résistait encore et fut emporté dans la nuit. Pour des témoins accoutumés aux affreux champs de bataille labourés et livides