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Nous avons entendu ce quintette une seconde fois au cours d’un « festival » consacré tout entier à des œuvres, diverses par l’âge et par le caractère, de M. Pierné. Rangez décidément ce musicien parmi les premiers musiciens de France, et les plus français. Dès le début de son Concert Stück pour harpe et orchestre, on sent qu’il est de ceux, très rares, qui savent, ayant quelque chose à dire, le dire tout de suite et sans avoir l’air de le chercher. Plus se développait le morceau, plus nous goûtions une musique limpide, élégante et légère, qui n’a rien de commun avec celle dont Gounod disait que la cuiller y tient debout. Tandis que Mlle Croiza, de sa belle voix grave, chantait une sorte de lamento sacré, qu’on pourrait appeler la Passion de Reims, il nous plaisait qu’en un sujet patriotique, et par conséquent dangereux, cette musique encore, mélodique et récitative, sérieuse et profonde, nous émût sans tomber jamais, et justement parce que jamais elle n’y tombe, dans l’emphase et la vulgarité. Elle a même de l’esprit, la musique de M. Pierné. Un petit conte, oh ! tout petit, les Elfes, (pour une voix seule, orchestre et chœurs) spirituellement chanté par Mlle Yvonne Brothier, nous rappela que l’auteur du quintette est également celui de la Coupe Enchantée, récemment reprise à l’Opéra-Comique. Enfin quelques fragments de la partition composée naguère pour le Ramuntcho de Pierre Loti formèrent une « suite d’orchestre » qui mériterait de prendre place, avec les Scènes alsaciennes de Massenet, certaines mélodies bretonnes de Bourgault-Ducoudray et la Rapsodie d’Auvergne de M. Camille Saint-Saëns, dans une géographie musicale de notre pays.

Le dit festival était donné par l’U. F. A. M., autrement dit, — c’est plus long, mais plus clair, — par l’ « Union des femmes artistes musiciennes. » « Dieu ! quel nombreux essaim d’innocentes beautés ! » Les chœurs, sans parler des soli, n’étaient que de femmes, et l’orchestre également, presque tout entier, hormis « les cuivres » et « les bois, » réservés au sexe fort. Une flûte pourtant était dame, ou demoiselle. Quant aux cordes, elles ne résonnaient, celles des contre-basses exceptées, que sous de jolis doigts. Cet accord, cet ensemble instrumental, fut mieux, beaucoup mieux que passable, et ne fit pas médiocrement honneur à l’éternel féminin.


Nous recommandons à tous les amis de la musique de chambre, et de la plus belle, une série fort nombreuse de pièces anciennes (XVIIe et XVIIIe siècles), des sonates surtout, pour violoncelle ou violon, mais plutôt pour violoncelle, avec accompagnement de