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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/308

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s’entr’aimer ; et peut-être nulle part plus qu’en Pologne l’âme humaine n’est-elle accessible à cette douceur, si j’en crois le programme que traçait dès 1413 la diète de Hrodlo. Il s’agissait de sceller, entre Polonais et Lithuaniens, un pacte qui s’appelait l’union d’amour, et la diète disait :


La grâce du salut ne sera accordée qu’à celui qui cherchera son appui dans l’amour. Il n’y a que l’amour qui n’agisse pas en vain. Source de lumières, il éteint les jalousies, affaiblit les rancunes, procure à tous la paix ; il réunit ceux qui sont séparés, relève ceux qui sont tombés, efface les inégalités, redresse ce qui est courbé, vient au service de tous, n’offense personne, et offre un abri sûr à quiconque vient se réfugier sous ses ailes ; l’amour crée les lois, gouverne le royaume, fonde les villes, mène vers le bien les États de la République.


Lorsque naguère Léon XIII, lorsque aujourd’hui Benoit XV envisagent, sous le nom d’union des Eglises, une autre union d’amour, comment n’auraient-ils pas confiance, pour aplanir les aspérités de la tâche, dans les mortifications volontaires du nationalisme polonais, qui célébrait jadis, avec une si fraternelle éloquence, les vertus et les miracles de l’amour ?

Profitant des libérations récentes, Rome aspire à se faire connaître de l’Orient européen. Benoît XV, le 1er mai 1917, créait une congrégation spéciale pour les Eglises orientales.) Le Motu proprio par lequel il annonçait cette fondation garantissait aux diverses Eglises du monde slave, non moins qu’à celles de l’hellénisme, une sollicitude de plus en plus respectueuse pour l’intégrité de leurs rites et de leurs légitimes traditions. Le Pape s’installait, en personne, à la présidence de cette congrégation nouvelle. « Quand nos Eglises d’Orient, expliquait Benoît XV, verront le Pontife suprême veiller en personne sur leurs intérêts, elles ne pourront pas ne pas comprendre qu’il est impossible pour le Saint-Siège de leur donner une plus grande marque d’affection. En outre, nous pouvons espérer que les Latins ne seront pas de nouveau représentés aux chrétiens de l’Orient comme des objets de suspicion, car le présent acte montrera avec un surcroit de clarté que l’Eglise de Jésus-Christ, parce qu’elle n’est ni latine, ni grecque, ni slave, mais catholique, ne fait aucune distinction entre ses fils, et que tous, qu’ils soient Grecs, Latins, Slaves, ou membres d’autres groupes