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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/309

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nationaux, occupent la même place devant notre Siège apostolique. »

Quelques mois se passaient, et de par la volonté du Pape, un institut pontifical se fondait à Rome, en vue de familiariser avec les points de vue des chrétientés orientales les prêtres occidentaux qui plus tard auraient à prendre contact avec elles. On avait, sous Léon XIII, pour l’étude de ces points de vue, créé à Rome un important périodique : il s’appelait Bessarione en souvenir de ce cardinal Bessarion qui, dès le XVe siècle, jetait entre Rome et l’Orient certaines arches de pont ; sous la conduite du cardinal Marini, de nombreux techniciens d’histoire, de théologie, de liturgie, apportaient leur collaboration, et leur science précise et subtile donnait aux ambitions de l’Eglise une direction et un élan. Benoit XV organisait, à côté de ce périodique, une institution d’enseignement ; et faisant appel aux membres mêmes des chrétientés dissidentes, il les invitait à venir dans l’Institut nouveau, pour y connaître la doctrine romaine. « Ils pourront ainsi, écrivait-il le 15 octobre 1917, scruter à fond la vérité, en déposant toute opinion préconçue. Nous voulons en effet que l’enseignement de la doctrine catholique et celui de la doctrine « orthodoxe » soient conduits de front, de façon que chacun, maître de son jugement, puisse voir avec évidence de quelle source l’une et l’autre découlent. »

Il n’y a plus en Russie de bureaucratie spirituelle pour interdire à quelques clercs de là-bas un voyage de curiosité vers cet original Institut ; et les prêtres non unis des chrétientés balkaniques qui céderaient, ne fût-ce que par attrait scientifique, au même désir d’information, ne pourraient plus être accusés, aujourd’hui, de trahir leur patrie pour l’Autriche. De l’Orient vers Rome comme de Rome vers l’Orient, les routes sont plus libres. Les maréchaussées spirituelles ont disparu ; et l’esprit d’universelle paternité qui dictait à Léon XIII sa grandiose lettre Praeclara, « aux princes et aux peuples, » recommence de planer[1].

  1. Voir dans The constructive Quarterly, juin 1918, l’article de Mgr Batiffol, Pope Benedîct XV and the restoration of unity.