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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/404

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une observation que j’ai faite précédemment sur la possibilité de trouver 5 pour 100 de fer dans la première pierre venue ramassée sur le chemin. Notre industrie française vient de donner la preuve la plus évidente que l’on pouvait se passer des minerais lorrains, puisque, dépouillés de Briey et Longwy par l’invasion, réduits dans cette région à la petite production de la région nancéenne, nous avons pu néanmoins soutenir la lutte. Mais avec quel peine et au prix de quels sacrifices, nous le savons ! L’Allemagne, qui n’aurait pas, comme nous l’avons eue, la liberté des mers, serait encore bien plus gênée que nous ne l’avons été. D’ailleurs, après ce rappel nécessaire de menaces possibles, je voudrais revenir vite aux conditions pacifiques qui, espérons-le, si on nous laisse prendre les mesures de sécurité nécessaires, seront celles de demain. Or, en temps de paix, bien qu’il n’existe pas non plus de problème technique insoluble, toute modification industrielle reste néanmoins dominée par le prix de revient. La métallurgie allemande, privée du minerai lorrain, réduite aux 8 millions de tonnes qu’elle tire de son propre sol, aux 10 millions qu’elle peut acheter à l’étranger, va être, malgré sa grande richesse en houille, arrêtée dans son expansion formidable. Non seulement, nous devons prendre, à cet égard, une partie de la place commerciale qu’elle occupait dans le monde ; mais, en même temps, elle se trouvera amenée à tourner son activité dans un autre sens, à réduire le développement de ses aciéries, de ses ateliers et fabriques où elle travaillait le fer ; et le déclin de cette industrie qui, — chacun, je pense, le sait maintenant, — constituait une préparation terrible à la guerre, contribuera à retarder la guerre future.

Bornons-nous maintenant à envisager l’état de paix qui va commencer. Nous rentrons en possession d’une succession paternelle que nous avions un peu perdue de vue et le premier inventaire sommaire nous y montre des minerais, des mines et des usines métallurgiques à peu près intacts ; que vaut tout cela ? Quel profit allons-nous tirer de tout cela ?..

Pour les minerais, j’ai déjà donné des chiffres. Ils éblouissent d’abord. Avec la Lorraine, le massif breton et l’Afrique, nous possédons désormais le plus beau stock de fer européen ; nous pouvons devenir les marchands de fer de l’Europe. 5 milliards de tonnes rien qu’en Lorraine, cela représente un siècle d’extraction