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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/405

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à 50 millions de tonnes par an. Il y a cependant des restrictions. Les marchandises que nous possédons, elles sont sous terre. Il faut, pour en tirer parti, les extraire bien vite, les élaborer de notre mieux et les vendre.

« Mais, dira-t-on, ne les vendait-on pas auparavant ? Il suffira de nous substituer aux Allemands... Et pourquoi se presser ? Le minerai de fer n’est pas une denrée périssable comme du poisson ou des oranges. » Nous substituer aux Allemands ? On oublie qu’ils exportaient le fer en rails et en poutrelles et que, pour transformer à bon compte en rails le minerai lorrain, il faudra du charbon dont nous manquons : du charbon dont, à chaque page de notre travail, nous allons rencontrer l’implacable nécessité. Quant à la nécessité de ne pas s’endormir, elle se comprend en deux mots.

Les minerais lorrains sont des minerais pauvres à 35 pour 100, qui se sont fait, sur le marché métallurgique, une place récente. Rien ne nous dit que, demain, par des procédés de traitement nouveaux, par des créations de canaux ou de voies ferrées, des minerais très économiques à 20 pour 100 ne viendront pas leur faire une concurrence fâcheuse. Et je n’ai pas besoin de rappeler cette vérité élémentaire qu’un million de francs extrait aujourd’hui en vaut deux restant en terre pendant quinze ans.

Aussi, quand on nous demande ce que vaut le gisement de fer récupéré, nous sommes obligés de répondre en normands : « Cela dépend. » Voici, en effet, quelques-unes des voies, par lesquelles on peut aborder (et on aborde souvent) ce problème, où le nombre des équations, nous dirait un algébriste, est inférieur à celui des inconnues. Suivant le procédé admis, les résultats, on va le voir, diffèrent dans la proportion du simple au centuple.

Ainsi, j’ai tout à l’heure évalué à 2 milliards de tonnes les réserves de minerais qui nous sont rendues. Le prix de vente moyen était, avant la guerre, de 5 francs la tonne. Si nous multiplions les deux chiffres, nous trouvons 10 milliards pour la valeur créée à notre profit, dix milliards qui entreraient en France sous la forme palpable de numéraire si toute la production était, par un coup de magie, extraite et exportée en quelques mois ; dix milliards répartis en salaires, en achats de matériel, de machines et de bois, en impôts, en dividendes