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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/414

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restée en majeure partie française. Après quoi, on entre en terrain inconnu jusqu’à la zone de Pont-à-Mousson explorée par nos sondages français.

Au total, on admet que la superficie utilisable atteint 220 000 hectares, le double de notre champ houiller dans le Nord et dans le Pas-de-Calais. Dès à présent, j’ai déjà dit que l’extraction dépasse 17 millions de tonnes, mais qu’il serait facile de l’accroître. Dans la partie Nord, exploitée par le fisc prussien, M. Aguillon estime à 90 mètres environ l’épaisseur de houille exploitable, en ne comptant que les couches d’au moins 0m,70 de puissance. Une évaluation faite en 1913 pour le Congrès géologique du Canada, en laissant de côté toutes les parties hypothétiques, estime les réserves à 8 milliards de tonnes jusqu’à 1 000 mètres de profondeur ; 10 jusqu’à 1 200 mètres ; 12,5 jusqu’à 1 500 mètres : profondeur à laquelle se limitent actuellement nos prévisions utiles. 8 milliards de tonnes, c’est le chiffre auquel on estime nos ressources certaines ou probables dans le Bassin du Nord et du Pas-de-Calais. Et d’autres évaluations allemandes envisagent ici, avec plus de mégalomanie, 35 ou même 45 milliards de tonnes à toutes profondeurs.

La qualité de ce charbon est, il est vrai, je viens de le rappeler, défectueuse. On extrait cependant les deux sortes de houilles, dites flambantes et grasses, et l’on a pu fabriquer, en 1913, 1 700 000 tonnes d’assez mauvais coke. Mais, en moyenne, la proportion des cendres est élevée (de 5 à 10 p. 100) et la fabrication de ce coke nécessite des mélanges avec des charbons de Weslphalie dont nous avons dû exiger, pour cette raison comme pour beaucoup d’autres, des livraisons annuelles, allant de 27 millions de tonnes au début à 15 millions de tonnes dans dix ans : bien faible compensation pour nos houillères dévastées. En ce qui concerne la très grave question du coke métallurgique, il a été fait récemment des essais scientifiques qui permettraient d’améliorer beaucoup la fabrication de ce produit au moyen de houilles inférieures. La nécessité d’éliminer les cendres n’en accroîtrait pas moins le prix de revient.

Dans la Sarre comme partout, la présence du charbon a provoqué la création de nombreuses usines. Peu de pays ont été aussi complètement transformés par l’invasion industrielle que la vallée de la Sarre et ses abords immédiats. Là, comme sur tant d’autres bassins houillers, la sidérurgie a commencé