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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/464

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par lettres patentes du mois de janvier 1706. Enfin, au mois de février de la même année, une compagnie savante fut établie à Montpellier, sous le nom de Société royale des Sciences. Le roi, selon les termes mêmes de la charte de fondation, « l’a mise pour toujours sous sa protection et a voulu qu’elle fît un seul et même corps avec l’Académie des Sciences de Paris. »

On voit que, par la fréquence et par l’importance de ces fondations, presque toutes datées du XVIIe et du XVIIIe siècles, l’encouragement prodigué aux lettres, aux sciences, aux arts par l’organisation de la vie académique, est de règle sous l’ancien régime. Les plus grands personnages, gouverneurs de provinces, maréchaux de France, princes du sang royal rivalisent de bienveillance à l’égard de ces institutions.

L’exemple vient de haut, étant donné par le roi lui-même, qui veut fortifier ces points de décentralisation intelligente, parce qu’il sait que l’unité de la nation administrativement centralisée n’en souffrira pas, et qu’au contraire ce réseau de communications morales, étendu sur tout le royaume, va resserrer sans cesse, de ville en ville et de province en province, les liens de la nationalité française. Les Académies sont protégées. Est-ce à dire que cette protection humilie leur amour-propre, abaisse leur caractère, gêne leurs mouvements, pour les soumettre, sans résistance, à tous les caprices du pouvoir ? Au contraire, nous voyons l’Académie de Metz donner souvent les preuves de l’esprit d’indépendance qui n’a jamais cessé d’animer nos compatriotes des bords de la Moselle et de la Seille. Elle résista, pour commencer, à certaines exigences de son fondateur. Elle sut résister, en la forme requise, ; « maréchal d’Estrées, successeur du maréchal de Belle-Isle dans le gouvernement du pays messin. Elle résista, plus encore, au maréchal de Broglie. Elle résista tant et si bien et se montra si parfaitement capable d’indépendance, qu’après la chute de l’ancien régime, les bolchevistes de la Terreur n’hésitèrent pas à la supprimer par le décret du 14 août 1793, en même temps que l’Académie française.


II. — UNE RÉSURRECTION

S’autorisant-de tous les litres de noblesse morale qui s’inscrivent dans ses annales, déjà longues, l’Académie de Metz a voulu célébrer solennellement, sur le sol de la Lorraine délivrée, à la fois le centenaire de sa résurrection et la reprise de ses séances publiques.