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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/466

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volumes [1]. Touchant témoignage de piété raisonnée envers la terre natale où reposent les morts et où travaillent les vivants, ce copieux répertoire contient les plus précieux renseignements sur la ville de Metz, sur ses monuments, sur ses origines historiques et légendaires, sur les profondes racines de son patriotisme français.

On dirait, à feuilleter ce testament littéraire et scientifique d’une époque déjà lointaine, qu’un pressentiment secret avait averti ces honnêtes gens, si passionnément appliqués à mettre en lumière tous les aspects de leur chère cité messine, et tous ses titres de noblesse française. Leur enquête fut aussi complète que minutieuse. Pas un coin qui reste inexploré, depuis la porte Serpenoise jusqu’aux bastions de Belle-Croix, et de la place du Change à la tour d’Enfer. Ces chercheurs, curieux de tout ce qui concerne le passé de la Lorraine, ont démontré que c’est un architecte français qui a doté Metz de cette cathédrale dont la nef est légère, aérienne comme celle de Rouen, plus haute que celle d’Amiens. Ils ont prouvé que les marches de Lorraine sont la frontière naturelle de la France sur la rive gauche du Rhin, puisque la voie romaine, qui allait de Langres à Trêves par Toul et Metz, fut, en quelque sorte, l’axe commercial et politique des Gaules. L’un d’eux, M. Charles Robert, a recueilli sur place les vivants souvenirs de ce mémorable siège de 1552, où l’on a vu les meilleurs gentilshommes français, la fleur de notre chevalerie d’Occident, un Montmorency, un Damville, depuis maréchaux de France, deux Bourbons, Louis, prince de Condé, et son frère Jean, comte d’Anguien, un La Rochefoucauld, un La Trémoille, un Bonnivet, un Navailles, deux Mailly, le père et le fils, combattre sous les ordres de François de Lorraine, duc de Guise, pour défendre Metz, « boulevard de la France, » contre une invasion germanique, menée par les lansquenets du kaiser Charles-Quint et par les reîtres du margrave de Brandebourg. Un autre académicien de Metz, le comte Rœderer, ayant reçu, à Paris, de la part des assemblées politiques et des corps académiques, tous les honneurs auxquels pouvait prétendre une ambition justifiée par les plus rares talents et par les plus éminents services, ne voulut pas terminer sa longue et belle carrière sans dédier à ses confrères messins son célèbre Mémoire « pour servir à l’histoire de la société polie en France, et particulièrement de l’hôtel de Rambouillet, » afin de marquer, par cette dédicace, les traits de

  1. V. le Tableau général, par ordre alphabétique, des Mémoires de l’Académie de Metz (1819-1903) rédigé par E. Fleur, agent de la société, 1 vol., Metz, Imprimerie lorraine, 1908.