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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/521

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américain, venant en Europe pour assister aux travaux de la Conférence, toucha barre, d’abord, en Angleterre, et le fait ne contribua pas peu à influer, par la suite, sur les délibérations de Versailles.

Au premier rang des principes proclamés par le président Wilson était inscrit, depuis longtemps, celui de la « liberté des mers ; » c’était un de ceux auxquels la pensée et la politique américaines se trouvaient le plus fortement attachées.

Or, ce principe est contraire aux vues et aux intérêts de l’Angleterre. La contradiction paraissait si grave que l’opinion française elle-même s’en émut et s’employa à avertir le président du danger de cette formule. Malgré tout, il la maintenait encore dans le texte des quatorze articles ; elle y est inscrite dans les termes suivants : « La liberté absolue de la navigation sur mer, en dehors des eaux territoriales, aussi bien en temps de guerre qu’en temps de paix, sauf dans le cas où les mers seraient fermées en tout ou en partie par une action internationale tendant à faire appliquer des accords internationaux. »

A Dieu ne plaise que j’entre, ici, dans cet antique et épineux débat du mare clausum ou mare liberum ; j’ai toujours pensé qu’il y avait même de sérieux inconvénients à le soulever, à propos d’un traité intéressant surtout les affaires de l’Europe Centrale : l’avoir introduit dans la discussion, c’est une des nombreuses ruses employées par la diplomatie allemande en vue de porter atteinte à l’union des Puissances. Quoi qu’il en soit, dès que le président Wilson se fut abouché avec les hommes d’Etat anglais, son opinion se transforma. Le principe de la « liberté des mers » n’apparaît plus dans le texte du traité ; avec le consentement des Puissances, l’imposante flotte de l’Angleterre subsiste sans que cette survivance contredise le pacte fondamental de la Société des Nations ; quant aux régions maritimes qui sont l’objet d’accords internationaux, c’est-à-dire, en somme, aux canaux et détroits, comme le canal de Suez, elles ne sont visées que pour développer l’autorité spéciale de l’Angleterre sur ce canal. « Article 152. L’Allemagne consent, en ce qui la concerne, au transfert au gouvernement de Sa Majesté britannique des pouvoirs conférés à Sa Majesté impériale le Sultan par la Convention signée à Constantinople, le 29 octobre 1888, relativement à la libre