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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/523

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France, qui domine à la fois les mers, les plaines et les montagnes, il n’y a pas d’Europe.


La lutte séculaire contre les tribus germaniques. — La France a, en plus, une triste et longue expérience de la lutte contre les tribus germaniques. A commencer par les campagnes des Césars sur le Rhin, ce fut toujours la grande affaire de la Gaule et de la France de protéger le monde contre les « invasions des barbares. » Les Champs Catalauniques, Tolbiac, Bouvines, Valmy, la Marne, Verdun, la Somme, c’est toujours la même campagne. La France sait, — elle le sait trop, hélas ! — quelles précautions elle est obligée de prendre contre ces terribles ravageurs.

Depuis 1815, la Prusse ayant occupé la puissante tête de pont que lui assure la rive gauche du Rhin, la France a eu le dessous, dans une grande guerre, au grand dam de la civilisation et de la paix universelle. Victorieuse, maintenant, avec l’aide de ses alliés, elle avait bien le droit de parler à ceux-ci clairement et de leur faire connaître le fruit de son expérience et l’urgence de ses nécessités. La France ne peut pas offrir au monde une bataille de la Marne tous les dix ans.

On se trouvait en présence des principes proclamés par le président Wilson. Soit ! La France n’est nullement hostile à ces principes : c’est elle qui les a dégagés de la brume des vieilles philosophies. Mais les principes ne sont pas tout. La politique internationale, causée par la géographie et par l’histoire, est chose vivante ; elle ne rentre pas fatalement dans les cadres géométriques d’une doctrine.

Pour m’en tenir spécialement à la question des contacts immédiats entre la France et l’Allemagne, la France connaît mieux que qui ce soit au monde, le danger de la conquête prussienne continuant à s’étendre jusqu’à la Moselle. C’est par là qu’elle a été surprise deux fois en un demi-siècle.


Les sécurités indispensables. — Entrant donc dans le cœur du sujet, la France eût pu dire ce qu’elle sait, ce que, seule, elle sait :

« Les Rhénans sont de race cette et de culture romaine. Les Romains, en s’appuyant sur la Gaule, mais en utilisant les service des Germains, firent sur le Rhin un mélange, probablement