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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/588

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Tanta fama è per il mondo
del gran vostro alto Milano
che solcando il mar profondo
siam venuti dal lontano
gran paese soriano
per vedere se cosi sia.
Bel paese è Lombardia


Quel contraste devait être Innsbruck, enfoui au creux des Alpes, avec ses tristes clochers et ses hautes tours perdus presque toute l’année dans la brume, sa montagne pesante et neigeuse, bouchant hermétiquement l’issue de ses rues, comme pour clore et rabattre le rêve, son peuple de gens parlant une langue barbare et emmitouflés dans d’énormes houppelandes, la nature et les mœurs ensevelissant sous un suaire de plomb tout ce qui, en Italie, s’épanouit et s’offre au soleil !

Et, pourtant, c’est sa bonne étoile qui l’avait conduite là. Innsbruck était un abri sûr, dans ces temps agités, tandis que Milan, exposé aux incursions étrangères, allait être dévasté par les orages. Bientôt, de ce pays enchanté qu’elle regrettait si fort, commencèrent d’arriver de mauvaises nouvelles qui, peu à peu, empirèrent jusqu’à la catastrophe. Ce fut, d’abord, la mort prématurée de son frère, le duc de Milan, Gian Galeazzo, qu’on prétendit avoir été empoisonné par leur oncle, le More. Il était simplement victime de sa gloutonnerie, comme elle devait, un jour, l’être elle-même, que le More avait tout intérêt à voir vivre. En eut-elle un très grand chagrin ? On ne sait. La lettre qu’elle écrivit, d’Anvers où elle était allée visiter ses nouveaux États, à son oncle, devenu duc de Milan, ne témoigne d’aucun sentiment bien vif. Elle lui fait son compliment du titre qu’il vient de s’octroyer, — malgré que ce fût au détriment de son petit-neveu à lui, son neveu à elle, — et l’assure qu’il trouvera toujours, chez elle, un appui auprès de Maximilien. En outre, elle lui glisse une prière qui, dans la situation où elle se trouvait, devenait une sorte d’ordre, en faveur des siens, sous cette forme compassée et un peu pharisaïque : « Et, bien que Nous estimions que ce n’est pas trop nécessaire, néanmoins Nous recommandons à Votre Excellence notre illustrissime ! mère, notre illustrissime frère et les enfants de l’illustrissime seigneur duc notre frère. »

C’était peut-être, là, une simple satisfaction donnée à la