Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/646

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

national s’affermit. Le bon sens français n’avait pas mieux demandé que de se résigner en ces matières de culte, à « cette diversité de tons qui flatte l’oreille, — comme disait le bon Fabert, — pourvu que les règles de musique y soient observées. » Et voici justement qu’en 1654, te ministre protestant Paul Ferry, à la fin de son Catéchisme, écrivait noblement « Vivons si bien avec tous, qu’il paraisse que (la croyance) seule nous sépare, et que, de même que nous avons nos gouverneurs, nos lois, nos coutumes, notre justice, nos murailles communes avec les catholiques, nous y avons encore nos affections. » Contre cette affirmation de l’union loyale qui régnait à Metz, sans doute nul ne réclamait parmi les laïques sinon les zelanti du petit groupe où Bossuet se trouvait enrégimenté.

Pourquoi, d’ailleurs, les gens sages eussent-ils réclamé contre cet apaisement, produit du temps, et qui, s’il ne faisait pas l’ « unité », faisait la paix ? Les réformés de Metz n’offraient-ils pas aux esprits sérieux un spectacle digne de respect, — celui d’une « erreur » dont la bonne tenue excusait la constance ?

Leur fidélité française et monarchique était parfaite : les plus exaltés controverseurs n’osaient même pas la mettre en doute. Leur bonne volonté chrétienne était visible ; leur valeur spirituelle, imposante.

Ils ont trois temples, un en ville, l’autre à la Horgne, l’autre à Courcelles. Ils ont vingt-deux écoles, à quelques-unes desquelles fréquentent même des enfants catholiques. Ils ont même, en 1634, failli avoir un collège, qui se fût ouvert, sans la résistance acharnée des Jésuites, avec près de cent élèves pour effectif de début. Ils ont cinq pasteurs, dont quatre en ville ; deux consistoires, l’un pour la ville, l’autre pour les villages. À chaque pasteur sont attachés plusieurs diacres, chargés du soin des pauvres. Tous ces organes fonctionnent de concert. Composé des quatre ministres et de vingt anciens, le Consistoire se réunit une ou deux fois la semaine. En ville, il y a service tous les deux jours dans chaque temple ; on prêche une fois chaque mercredi et vendredi, deux fois chaque dimanche. Les réunions cultuelles sont presque aussi fréquentes au temple qu’à l’Eglise. La moralité est incontestable. Le Consistoire est une magistrature morale autant que spirituelle,