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LA VIE CHERE
CAUSES ET REMÈDES

La vie chère ! Telle est la plainte qui retentit de toutes parts. C’est un mal que chacun constate, dont souffrent les petits et les grands, les pauvres et les riches, et qui nous irrite d’autant plus, qu’il s’accentue depuis la paix, au lieu de diminuer. Les témoignages de cet état de choses sont si évidents qu’il est superflu de les énumérer en détail. Dans tous les domaines à peu près, les prix de 1919, comparés à ceux de 1913, présentent un accroissement qui varie selon les cas, mais qui constitue une différence formidable. Ce n’est pas seulement en France que le problème est à l’ordre du jour : chez certains de nos Alliés et même chez quelques neutres, il passionne également l’opinion publique. En Italie, il a atteint un degré aigu. M. Nitti, chef du cabinet, qui, au mois de juin 1919, a remplacé celui que présidait l’honorable M. Orlando, déclarait, en prenant le pouvoir, que la cherté de la vie était ce qui le préoccupait le plus et ce à quoi il chercherait à porter le plus prompt remède. Des émeutes sanglantes ont eu lieu à Florence et dans d’autres villes. Des pillages et des destructions de denrées ne sont pas un moyen de faire baisser les prix d’une façon durable, mais les foules ne raisonnent pas. A la suite de ces troubles, l’autorité municipale a taxé un certain nombre de produits, et là-dessus le peuple de se réjouir, parce que le prix des denrées baissait. Mais quand les magasins auront été vidés, forcera-t-on les marchands à s’approvisionner de nouveau pour vendre à perte ? Chez nos ennemis l’anxiété est la même, et, dans un récent discours à l’assemblée de Weimar, M. Erzberger déclarait que, pour obvier aux maux de l’heure présente, il convient