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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/668

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vide produit par l’arrêt, pour plusieurs années, de l’extraction de nos principales mines du Nord. N’oublions pas que la houille est l’aliment indispensable de la plupart des industries et qu’elle entre pour une proportion, qui, dans beaucoup de cas, va jusqu’à 50 pour 100, dans le prix de revient des objets fabriqués.

Pour le vêtement, notre production de fils et de tissus est en énorme diminution. Nos principales fabriques du Nord et de l’Est sont détruites. Dans ce domaine, où nous étions exportateurs, nous sommes temporairement obligés d’importer.

De quelque côté que nous tournions nos regards, nous sommes donc en face de la nécessité d’acheter provisoirement au dehors une partie des objets qui nous sont indispensables. Dans les quatre premiers mois de 1919, nous avons importé pour 8 milliards de francs et exporté seulement pour 1 350 millions de marchandises.

C’est une cause très grave d’augmentation des prix, puisque nous devons consentir un bénéfice souvent considérable aux vendeurs étrangers et supporter les frais de transport depuis le lieu de production jusque chez nous. Or, ces frais ont subi pendant la guerre, notamment en ce qui touche les transports maritimes, des accroissements invraisemblables. Il n’était pas rare de voir le fret s’élever, par comparaison avec les taux d’avant 1914, dans la proportion de 1 à 20, à 25 et davantage. Aujourd’hui, on constate un recul sensible ; mais les millions de tonnes qui ont disparu à la suite des torpillages ne sont pas encore remplacées et il s’écoulera quelque temps avant que le commerce mondial ait à sa disposition tous les navires dont il a besoin.

Une autre cause de renchérissement a été la présence sous les drapeaux de millions d’hommes arrachés brusquement à leur activité productrice, les meilleurs, les plus forts, ceux dont le travail était le plus fécond. Du jour au lendemain, ils ont cessé de produire ; ceux d’entre eux qui sont restés dans les usines n’y ont créé que des armes et des munitions, c’est-à-dire des instruments de mort et non de vie. Ces mêmes millions d’hommes n’ont pas cessé d’être des consommateurs, et ont consommé plus qu’en temps de paix.

Venus combattre aux côtés des Français, des millions de soldats anglais et américains augmentaient encore le nombre des bouches à nourrir. Une partie de leurs vivres leur était