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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/687

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membres de la commission des arts. « Il faudra bien, disait l’affreux gaillard, épurer la commission temporaire des arts et y porter comme en triomphe ces artistes célèbres et opprimés qui en avaient été écartés par un rival bassement jaloux. Il faudra écarter cette foule de petits intrigants sans moyens qui cultivent les arts pour les avilir, qui luttaient contre les talents, avec la calomnie, qui, sous le règne des triumvirs, obstruaient les avenues du comité de salut public, » etc. En d’autres termes on n’avait pas mis dans la Commission les amis de Marie-Joseph et il déguisait d’arguments présentables ses rancunes. La Commission ne dissimula point qu’il l’avait offensée. Aussitôt le fougueux Marie-Joseph s’amollit et prodigue des explications qui sont des excuses. En vérité, foi de pusillanime énergumène, vous l’avez mal compris : il n’a jamais eu le projet d’attaquer la commission temporaire des arts ; il rend hommage « à l’activité et au mérite de tous ses membres ; » c’est beaucoup dire, après ce qu’il a dit ? non, « de tous ses membres en général et en particulier. » Mais enfin ces « petits intrigants sans moyens » qu’il a flétris ? Il répond « qu’il n’y a que les malveillants qui puissent vouloir diriger contre la commission des arts les traits qu’il a lancés contre eux. » Pourtant ? « Cette phrase ne regarde point la commission temporaire des arts. » Qui regarde-t-elle ? Ce n’est pas votre affaire ! Et Marie-Joseph promet de monter à la tribune de la Convention pour s’expliquer et prouver la pureté de son cœur. Tout au plus avoue-t-il son regret de ne pas voir siéger à la commission des arts plusieurs artistes fameux et qui lui semblent dignes de cet honneur.

La commission s’était précédemment défendue contre le reproche qu’on lui pouvait adresser de ne pas choisir toujours les citoyens les plus illustres. Elle avait d’abord composé la « classe de chimie, » section de physique, de la façon la plus brillante : Pelletier, Vauquelin, Berthollet, Leblanc. « Mais les trois premiers sont tellement surchargés de travaux que, loin de partager ceux de la commission temporaire, ils n’ont pas même le temps d’assister à ses séances et Leblanc reste seul accablé du fardeau auquel son zèle ne peut pas toujours suffire. » En somme, ce ne sont pas les hommes de génie qui font les meilleurs commissaires : « Pour inventorier et soigner des tableaux, rassembler des instruments ou des morceaux de musique, il faut sans doute les connaissances qui y sont propres ; mais ces connaissances sont absolument indépendantes du génie qui a su les produire. On peut même assurer qu’il n’y a aucun rapport nécessaire