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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/769

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traité d’avoir fait la part de l’Europe trop petite ; on a cru plus équitable de faire la part de l’Allemagne très large. Nous verrons si l’Allemagne se montrera digne de cette confiance.


La confédération germanique. — Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire de l’Allemagne, elle apparaît à l’état de confédération. Cette solution antique du problème territorial et politique n’était pas due au hasard. La Germanie est naturellement composite. Elle a une partie continentale et une partie maritime ; elle a des devoirs divers et des tendances divergentes, selon que telle ou telle de ses provinces regarde le Nord, le Sud, l’Est ou l’Ouest. Les races elles-mêmes ne descendent pas d’une seule souche : les Slaves et les Celtes occupent, en proportions importantes, ses territoires près d’autres races d’origine germanique. Sans nous attarder à ces considérations, qu’il suffise de rappeler la permanence du dualisme prussien et autrichien, du dualisme prussien et « allemand, » au cœur même de la Germanie, jusqu’à la guerre de 1914.

Le fait est indiscutable, il est patent.

Or, le militarisme prussien a entrepris de faire, autour de la couronne des Hohenzollern, une unité qui devait, un jour ou l’autre, englober toute l’Allemagne et, finalement, s’imposer au reste du monde comme monarchie universelle, ou « Puissance mondiale, » selon le vocabulaire nouveau. La question est de savoir si cette vue est toujours ; celle de l’Allemagne et si, se détournant de l’Europe et du monde, elle liera à jamais son sort à celui du militarisme prussien.

L’heure est arrivée où l’Allemagne doit choisir entre l’un ou l’autre de ces contacts, ou mieux de ces contrats, qui décideront de son avenir, régleront son sort futur et le sort commun de la civilisation européenne. La doctrine de guerre vient de la Prusse ; la doctrine de paix vient du reste du monde. Entre Guillaume II et le président. Wilson, il faut prendre parti. C’est Ormuzd et Ahrimane.

Le traité signé, il n’appartient plus à personne de poser ce cas de conscience devant le peuple allemand ; libre de sa décision, qu’il choisisse ! mais c’est son propre intérêt qui lui impose le choix.


L’Allemagne et la Prusse. — La Prusse, abandonnée à elle-même,