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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/776

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lui. Que ne l’a-t-on proclamé et pourquoi n’avoir pas prononcé, dans la mesure qui incombe au règlement de ces grandes crises, le Compelle intrare ?

Pour agir sur les masses, et par les masses, les solutions les plus simples sont les meilleures. La seule manière d’éviter les malentendus et les heurts aux répercussions infinies, c’est que tout le monde comprenne.

Par une sorte de ménagement pour un système immoral, violent, arbitraire, qui n’a d’autre moyen d’action que son principe même, c’est-à-dire le recours sans fin à la violence et la guerre à renouvellements, on n’a pas osé même rappeler à l’Allemagne qu’elle était composée d’États confédérés. L’Allemagne étant ainsi encouragée à l’oublier elle-même, cela ne faciliterait pas les choses.


Ce serait bien mal comprendre le sens de ces observations que d’y voir le projet de porter une atteinte quelconque à la volonté des peuples allemands. Mais, ils sont asservis par une longue entreprise de conquête, déshabitués de l’initiative et du courage politiques, accablés par une défaite dont la plupart n’ont pas encore compris les causes. Quand se mettront-ils à penser par eux-mêmes ? Nul ne le sait. Quand parviendront-ils à secouer le joug intellectuel qui a pesé sur eux depuis près d’un siècle ? Nul ne le sait... C’est leur affaire, dira-t-on. Oui ; mais, c’est aussi l’affaire de l’Europe et du monde. Et c’est pourquoi il n’était pas inutile de penser à l’intérêt des Allemands en tant qu’il est lié à l’intérêt des autres et, tout au moins, avec l’autorité du traité, de leur indiquer le but.

Certaines tentatives des particularismes locaux, celles du docteur Dorten, celles de M. Haase, de M. Ulhrich, se sont produites ; mais ce n’est pas tant de ce côté que je tourne les yeux. Non. C’est vers Weimar. A Weimar se fait entendre la voix de l’Allemagne. Or, Weimar discute ce principe du particularisme dont le traité s’est détourné avec une si étrange affectation.

Il me semble intéressant d’indiquer le point où en sont les deux thèses opposées, celle du particularisme et celle de l’unité dans le grand débat qui divise, en ce moment, l’Allemagne elle-même.

D’une part, le professeur Goëtz, dans une brochure sur la