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démocratie allemande, plaide, avec beaucoup de mesure, la cause du particularisme :


La démocratie allemande prouvera dans l’avenir si elle a une juste compréhension de l’individualité de chaque peuple allemand. Le particularisme n’est pas une force retardatrice. Au contraire : le développement de l’administration moderne, la culture allemande sont dus à l’intensité de la vie privée des États ; le développement de l’Empire n’a été possible que par leur développement. Bismarck avait si bien compris les impondérables de la vie particulière des États qu’il leur a réservé leurs droits propres, tout en leur permettant la réunion à l’Empire. Cette révolution accomplie, l’État unique semble certainement le plus rationnel, comme assurant la gérance du gouvernement le plus économique. Mais le fédéralisme reste indispensable à la démocratie bourgeoise. Veillons à ce que tout ne converge pas vers un point unique comme Paris... Les tout petits États peuvent disparaître ; mais les grands doivent subsister et avoir droit de décision surtout en ce qui concerne les questions de culture. La suprématie de la Prusse aurait plus d’inconvénients que d’avantages etc…


Dans le même sens, le projet de constitution (article 18) autorisait la formation de nouveaux groupements ou États. C’était un pas fait vers la Confédération.

En revanche, le président du ministère prussien, docteur Hirsch, oppose la thèse de la suprématie nécessaire de la Prusse. Voici son argumentation :


L’article 18 du projet de constitution permet la formation de nouveaux groupements ou États. Si cet article est voté et si la majorité le considère comme d’intérêt général, le péril est grand pour la Prusse et pour l’Empire. L’auteur du projet dit qu’une République de 40 millions d’habitants dans un État de 70 est une impossibilité et un danger, au cas où un désaccord surgirait entre eux sur des points de politique générale... Depuis le 9 novembre, la Prusse, plus qu’aucun autre État, a prouvé qu’elle sait faire des sacrifices dans l’intérêt général et en vue de l’unité nationale. La Prusse est aussi démocratisée que le reste de l’Empire. Il n’existe pas plus de roi de Prusse que d’empereur d’Allemagne... Le but à atteindre ne peut être obtenu si l’on anéantit la Prusse. Seule une Prusse organisée permettra la fondation d’une République unitaire. Si l’Assemblée de Weimar permet la fondation d’une République de Haute-Silésie, elle sera suivie de la formation d’une République rhénane westphalienne et d’une République de Hanovre. La Prusse serait réduite à l’impuissance ; l’épine dorsale de l’Empire disparaîtrait par la formation de