Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/778

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quatre ou cinq États, impuissants eux-mêmes. Le cri de « Los von Preussen » serait bientôt suivi du cri : « Los von Reich. » Donc l’Assemblée doit rejeter toute formation de nouveaux États dans l’intérêt même de la République.


A l’heure où j’écris, il semble que la discussion doive aboutir à un compromis : la création de nouveaux États ou la déclaration de certains particularismes pourrait se produire, sauf consultation des peuples intéressés et sous l’approbation d’une loi d’Empire. La Constitution reste unitaire, et, par là, elle maintient l’impérialisme ; mais les particularismes ont relevé la tête [1].

Le principe de l’unité bismarckienne subsiste, mais ébranlé.

Le Matin a raconté (9 janvier 1919) qu’il avait interviewé le comte Hertling, trois jours avant sa mort. L’ancien chancelier d’Empire aurait insisté sur l’hostilité de Munich, Stuttgard et Cologne contre la Prusse qui, elle-même, ajoutait-il, ne constitue pas un bloc ethnique homogène. Le comte Hertling conclut : « Si les idées actuelles suivent leur cours, le nom de la Prusse disparaîtra de la carte de l’Europe. »

Comme les choses eussent été facilitées si les Puissances alliées, devinant un accord possible avec les sentiments du pays, eussent poussé l’Allemagne dans les voies d’une Confédération contraire à l’unitarisme bismarckien ! C’était lui offrir un moyen honorable et pratique de s’adapter à leur vie nouvelle et de s’articuler à l’Europe. L’Allemagne bismarckienne une fois condamnée sans appel, ces peuples se fussent retrouvés en présence de leurs instincts primitifs et de leurs intérêts immédiats. Il n’est pas un d’entre eux qui n’ait une affinité quelconque avec les pays limitrophes. La plasticité de ces races est notoire. Entre voisins, la trame de la vie et des affaires se serait reprise. Les fleuves redevenaient des véhicules non seulement du trafic, mais de l’association et de l’union. L’attraction des différentes mers se faisait sentir dans chacun des bassins qu’elles commandent. Les frontières restaient

  1. « Dans la journée du 7 juillet, la Diète bavaroise a adopté une loi constitutionnelle fondamentale provisoire d’après laquelle la Bavière est proclamée un État libre (Freistaat). Le gouvernement a immédiatement donné l’ordre à toutes les autorités d’employer ce terme dans les actes officiels. L’importance de cette décision vient de ce qu’elle est en contradiction formelle avec le projet de constitution voté à Weimar. Elle témoigne donc de la résistance de la Diète bavaroise aux tendances centralisatrices de l’Assemblée de Weimar. »