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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/781

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l’Allemagne, les modalités de l’application sont d’une gravité elle qu’une victoire « debout » et en armes est la seule qui puisse les assurer.

Quel rôle, donc, les trois pays alliés vont-ils, en raison du traité, jouer à l’égard de l’Allemagne, de ses alliés et de l’Europe nouvelle qui s’ébauche sous leurs auspices ? — Nous supposons, bien entendu, le traité d’alliance ratifié par les Parlements.


L’Alliance et l’Allemagne. — Je ne doute pas que l’Allemagne n’ait, dans sa très grande majorité, la volonté actuelle d’exécuter le traité, y compris ses clauses les plus dures. Cependant » ses protestations désespérées ont eu, certainement, pour objet, de réserver ce qu’elle présente comme son droit et par conséquent de laisser la porte ouverte, le cas échéant, à une résistance, ne fùt-elle que passive. On a plaidé l’impossibilité matérielle d’exécuter les clauses financières du traité. Où cela nous mènera-t-il avec le temps ? Ni le traité de paix ni l’alliance n’ont prévu de sanction. Ont-ils prévu les difficultés sans nombre d’où pourrait naître un conflit ? On est en droit de s’attendre, surtout en Prusse, à un sabotage plus ou moins instinctif ou conjuré de la paix. Il n’y a qu’une façon certaine de l’empêcher : être là et, au premier geste, mettre la main sur les récalcitrants. Principiis obsta.

L’alliance a donc, tout d’abord, un rôle de haute police à l’égard de gens qui (nous l’ont-ils assez répété ?) ne croient qu’à la force et qui ne reculeraient devant rien s’ils pensaient que les sanctions seraient lentes à venir. L’alliance des Trois garde, sur les prolongements futurs du traité, l’autorité et l’ascendant de la victoire. Elle pèse ainsi sur l’Allemagne et elle pèse sur l’Europe : car ces deux devoirs politiques ne peuvent être séparés.


L’Alliance et l’Europe. — Il suffit d’énumérer les diverses grandes affaires européennes visées dans le traité et sur lesquelles une action continue de l’union des Alliés, quoiqu’elle ne soit visée, à notre connaissance, nulle part, est, de toute évidence, nécessaire.

La Russie est toujours, en pleine Europe, à l’état d’outlaw. Combien de temps la laissera-t-on se débattre dans ces affres ? Voilà Lénine qui offre, dit-on, son alliance à l’Allemagne. Cela