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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/783

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Allemagne consolidée dans son union, il n y a plus que de petits pays, ces petits pays doivent être soutenus énergiquement par l’attention vigilante et soupçonneuse des Grands.

Il y a bien des façons d’envahir la Belgique. La brave Belgique le sait : elle secoue sa neutralité’. Que lui offre-t-on à la place, si ce n’est pas une alliance conjuguée avec la Triple Alliance des Puissances ?

L’Allemagne, ayant toujours professé que les petits États sont appelés à disparaître, est prête à faire le geste qui les supprimera. Quelles garanties si je ne sais quel Zollverein, tramé en pleine paix, et sans « agression » apparente, agglomérait, autour de l’Allemagne nouvelle, des intérêts mal satisfaits et errants ? La constellation des petits États est encore dans l’orbite de l’Alliance ; mais, à leur égard, il faut choisir : soit l’attraction, soit le contraire. Tâche extrêmement délicate et qui demande tous les soins d’une diplomatie unie et vigilante. En attendant que la Société des Nations soit en mesure de protéger les petits États menacés, le pacte de l’alliance doit les aider. La meilleure façon d’empêcher les événements graves ou douloureux de se produire c’est que ces faibles sachent et qu’on sache qu’ils peuvent compter sur nous.


Les devoirs de la France. — Parmi ces devoirs des Puissances, comment ne considérerions-nous pas, en particulier, les devoirs de la France ? Notamment à l’égard de la Pologne, de la Belgique et des petits États en général, la France a une mission spéciale. Ils ont eu, de tous temps, les yeux fixés sur elle : comment, dans la crise présente, détournerait-elle les siens ?

C’est vrai, nos moyens et nos ressources sont bornés ; la France a tendu les ressorts de son action au maximum ; elle a besoin de se recueillir et de se reposer. Mais, du moins, avons-nous un rôle à prendre, c’est de nous présenter comme les avocats et défenseurs de nos amis plus faibles auprès du Conseil de nos plus puissants amis. La France est, en Europe, la première qui vibrerait à la moindre secousse ébranlant le continent. Tout résonne et retentit en elle. Elle a charge d’âmes : ces fardeaux séculaires ne sont pas de ceux qu’on peut déposer à un détour du chemin.

Joseph de Maistre dit : « Il y a, dans la puissance des Français, il y a dans leur caractère, il y a dans leur langue