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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/784

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surtout, une certaine force prosélytique qui passe l’imagination. La nation n’est qu’une vaste propagande… » À quel point ce mot est vrai, les derniers événements l’ont prouvé. La Marne, Verdun, la victoire finale de Marne-et-Meuse ne sont que les dernières strophes puissantes de cette propagande ailée. Quand le monde perdait presque le souffle, aux spasmes les plus douloureux de la grande lutte, il prenait, une fois de plus, le rythme de la respiration française. Ces émotions ne s’apaisent jamais ; elles s’amplifient, au contraire, et se propagent, comme les ondes, par la distance et le temps.

L’action française n’est pas faite seulement de retentissement et d’éclat : elle tient à un effort persistant et juste. Nos hommes politiques, Henri IV, Richelieu, Mazarin, Lyonne, Vergennes, Talleyrand, Thiers, Gambetta, brillent surtout par la mesure et le tact : le génie persuasif français est fait de tout cela et l’unité française elle-même s’est formée ainsi : les provinces nouvelles étaient si adroitement ménagées dans leurs intérêts, dans leurs privilèges, dans leurs sentiments, dans leurs susceptibilités, qu’à peine avaient-elles « fait retour à la couronne » (comme le mot lui-même est honorable !) elles se donnaient, — et pour toujours. La Lorraine, l’Alsace étaient, parmi les régions françaises, les plus récemment fondues dans le royaume : en étaient-elles les moins fidèles ?

La France a toujours eu ce genre de rayonnement. Il vient de ceci, surtout, qu’elle veut le bien.


La propagande française va s’exercer de même et dans les mêmes conditions sur ses adversaires et, à plus forte raison, sur ses amis. C’est le moyen d’action le plus efficace, peut-être, que le traité lui ait laissé. Et c’est par là qu’elle peut tant sur les modalités de l’exécution.

La France est en situation de s’approcher des peuples vaincus en leur présentant d’une main, l’ordre, et, de l’autre, la liberté ! Contre le bolchevisme, l’ordre français apparaît, en Europe, comme une sauvegarde. Et contre le despotisme, soit d’en haut soit d’en bas, soit des dynastes ou des féodaux, soit du marxisme et de l’internationalisme, la liberté française est un palladium.

Auprès des peuples que la grandeur de leur chute a déconcertés, la « propagande française » agira donc, non parce qu’elle