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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/786

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c’est déjà trop qu’on l’ait laissée entrevoir comme possible.

Vues de loin, les choses doivent apparaître ce qu’elles sont aux yeux du président Wilson. Deux grandes Puissances restent, seules, debout, sur le continent européen, s’appuyant sur l’Angleterre dans son île, pour accomplir les œuvres de la victoire qui sont, maintenant, les œuvres de l’alliance. L’Italie, présente à la victoire, ne peut pas être absente de l’alliance.


L’Alliance et les États-Unis. — Cette cause, encore, il appartient à la France de la défendre auprès de ses amis des États-Unis. Ce n’est rien exagérer de dire que la France est particulièrement chère au cœur de l’Amérique : il s’agit d’une amitié d’enfance et d’une confraternité des premières armes. Cela ne se retrouve pas. Or, l’alliance américaine se superposant a l’Entente cordiale Franco-anglaise, voilà le fait nouveau qui transforme la situation mondiale et qui lui donne un appui incomparable pendant la période des réalisations.

Ce n’est pas une petite affaire d’avoir le concours de l’Amérique et ce n’était pas une petite affaire de l’obtenir. Longtemps avant la guerre, j’ai dit et écrit que l’Europe ne viendrait pas à bout de la guerre sans l’intervention américaine ; je dis, maintenant, que nous ne viendrons pas à bout de la paix sans la présence américaine. Il est vrai, il y a, en Amérique même, des difficultés, d’ordre surtout politique et parlementaire ; mais s’il y a difficulté, il y a aussi espoir, sérieux espoir. Le président Wilson a signé. Il plaide lui-même, avec chaleur, avec conviction, la cause qu’il n’a pas cherchée, mais que la fatalité des choses lui a imposée. Il la gagnera. Maintenant que les hommes qui ont vu la France à l’œuvre sont rentrés chez eux, cette cause, la grande cause européenne, ne peut pas manquer de rétablir cette unanimité américaine qui a décidé de la guerre et qui, maintenant, doit décider de la paix. Il n’est pas possible de tourner soudain le dos au dévouement, au sacrifice, à la civilisation, au bien, et de dire, comme Pilate : « Je m’en lave les mains ! »

L’Amérique est là, présente parmi nous : nous gardons ses morts et nous gardons sa gloire. L’alliance l’engage et, l’alliance même viendrait à manquer, que les cœurs battraient toujours.

A la veille du jour où il quittait la France, M. Lansing