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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/787

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nous a laissé, comme un legs politique, le discours qu’il a prononcé au banquet du comité Franco-Amérique. C’est un acte de solidarité où le pacte de paix et le pacte d’alliance sont, en quelque sorte, condensés. Voici en quels termes cet homme froid, ce pilote des navigations périlleuses, parle de l’œuvre commune de la France et de l’Amérique en Europe :

« Dans ces jours de lutte où la cause de la liberté était en danger, nous avons appris à nous connaître et à nous admirer mutuellement comme soldats. Nous avons appris la valeur de la France, l’indomptable volonté des États-Unis, la puissance irrésistible de tout le groupe des nations unies... Ce n’est pas dans un esprit de reproche et de plainte que je dis qu’auparavant nous ne nous connaissions pas assez. Nous nous contentions de souvenirs sentimentaux et nous n’avions pas cherché à donner à notre union une force plus grande en appréciant mieux les qualités qui forment notre caractère national et à rapprocher davantage nos existences. Voilà ce que nous avons à faire, maintenant, pour porter ensemble Le fardeau de la paix comme nous avons porté ensemble le fardeau de la guerre... Ensemble, la France et les États-Unis, avec les nations qui se tenaient à côté de nous dans la grande guerre, doivent faire face à l’avenir avec tous ses périls et toutes ses difficultés. Personne ne doit hésiter, personne ne doit reculer devant ces graves responsabilités. Nous devons envisager l’avenir avec le même esprit de dévouement et la même unité de but qui inspiraient nos intrépides armées... Le plus grand de nos devoirs reste à accomplir. C’est dans un esprit de coopération beaucoup plus intime qu’il doit se développer.

Ces paroles du représentant de la République américaine, la vigueur avec laquelle il invective les représentants de la « petite Amérique, » tout nous prouve que la nécessité qui s’impose à nos amis de ne pas s’absenter de l’Europe triomphera de certaines résistances des partis. Les « Républicains » seraient aux affaires qu’ils feraient comme les amis du Président Wilson. Nous comptons sur tous les Américains.


Du rôle de la diplomatie. — Voici donc que le travail de réalisation du traité se découvre comme une campagne prolongée. Le sang ne coulera plus (nous devons l’espérer) ; mais, en attendant la véritable paix, l’alliance entreprendra cette « œuvre