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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/789

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ne pas tenter d’accrocher à l’Europe chacune de ses parties différentes selon la pente des eaux et le débouché des produits ? L’Allemagne centrale et occidentale dévale vers nous : attirons-la. L’Allemagne méridionale a ses débouchés par le Danube : laissons-la se lier à la confédération danubienne. Que la Belgique, la Hollande, le Danemark, les États Scandinaves, et, au-dessus de tous, l’Angleterre exercent aussi leur attraction.

Ainsi ce « centre de l’Europe » s’habituera à respirer, à agir, à vivre avec l’Europe. C’est tout ce que nous lui demandons. Qui songe à revenir à la Confédération du Rhin ?

La Confédération germanique se satisfera elle-même et satisfera tout le monde, si elle échappe, une bonne fois, à la centralisation militaire et politique. Puisque nous n’avons pu faire cette confédération par le traité, faisons-la par les conséquences du traité et par l’adhésion volontaire de cette partie de l’Allemagne qui veut en finir avec les causes de sa ruine et rayer de son avenir l’hostilité de l’univers.


Telle serait l’heureuse et sage application du traité. Il appartient à l’alliance d’y veiller. Je sais qu’elle ne prévoit, jusqu’ici, que la défense de la France en cas d’agression « non provoquée » de l’Allemagne. Mais la meilleure des défensives est celle qui écarte les conflits. L’alliance ne serait vraiment excellente que si elle n’avait aucune occasion de s’appliquer.

Pour arriver à ce résultat, il reste à conjuguer la bonne volonté des Puissances victorieuses avec la plus haute, la plus généreuse et, sans doute, la plus efficace des réalisations comprises dans le traité : l’établissement de la Société des Nations.


IV. — LA SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LA PAIX

Dès juillet 1907, j’ai appelé de mes vœux la fondation d’une Société des Nations ; je demandais la convocation solennelle des ÉTATS GÉNÉRAUX DU MONDE [1]. En novembre 1916, je réclamais instamment cette création comme l’issue pratique et immédiate de la grande Guerre : « La Société des peuples serait la clef de voûte de l’Europe organisée [2]. »

  1. Voir la Politique de l’Équilibre, La Conférence de La Haye, p. 29.
  2. Voir la Revue du 1er novembre 1916, p. 50.