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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/826

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d’armées des Flandres, ayant atteint la frontière de Hollande, menace le flanc droit de l’ennemi. Celui-ci vient solliciter l’armistice qui se signe le 11 novembre à l’heure même où, de toutes parts, nos soldats, raflant matériel énorme et nombreux prisonniers, et achevant de libérer le territoire de France, sentent passer le souffle de la Victoire à laquelle, dans les jours de revers extrêmes, ils n’ont cessé d’avoir foi.

Ainsi les armées alliées auront en moins de huit mois, au milieu d’une série d’épreuves inouïes et au prix d’un effort prodigieux, passé des revers les plus angoissants à la plus magnifique victoire. Ce ne sera ni effet du hasard, ni rencontre de circonstances. Rarement campagne aura été à ce point conduite. Et c’est bien ce qui rend si particulièrement passionnantes la marche et l’issue de la bataille qui, s’engageant dans le désordre, née de notre anarchie, le 21 mars, sera en voie de s’achever, comme la plus grandiose manœuvre qui se fût vue, le 11 novembre 1918.


VI. — L’OFFENSIVE ALLEMANDE DU 21 MARS

Le 21 mars, à quatre heures quarante, sur les 90 kilomètres qui s’étendent de la Scarpe au Nord à l’Oise au Sud, une canonnade d’une violence insolite éclatait sur le front allemand ; elle s’enfla d’heure en heure durant cinq heures ; à neuf heures dix, l’infanterie se jeta à l’assaut ; déjà, traversant, à la faveur du brouillard, le no man’s land, elle était parvenue à quelques mètres des lignes anglaises.

C’était le .début de la grande bataille de France. Les armées Marwitz et Hutier, — IIe et XVIIIe armées allemandes, — se jetaient sur les armées Byng et Gough, 3e et 5e armées britannique.[1].

Le front d’attaque s’étondait exactement, pour l’armée Marwitz, de Fontaine-lès-Croisilles (Nord de Croisilles) à Demicourt (Ouest de Marcoing) ; celui de Hutier, — près de trois fois plus large, — de Demicourt à Fargniers (Ouest de La Fère). Contre les 4 divisions de Byng, Marwitz lançait 10 divisions ;

  1. La 5e armée britannique général div. II. de la P. Gough) tenait le front du Sud de Barisis au Nord de Gouzeaucourt (67 kilomètres) avec les 3e, 18e et 19e corps La 3e armée (général Sir J. H. G. Byng), le font du Nord de Gouzeaucourt au Sud de Gavrelle avec les 5e, 19e et 17e corps.