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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/834

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Tandis qu’à Doullens, l’unité de commandement allait, nous l’allons voir, s’instituer ou tout au moins s’ébaucher, au Grand Quartier général français, Pétain organisait la défense sur le terrain que, du Sud de Noyon à Moreuil, la relève de nos alliés par les troupes françaises livrait à son activité. Debeney arrivait à Maignelay : Fayolle allait, de ce fait, avoir ses deux armées, « La mission du G. A. R. (groupe des armées de réserve) est d’assurer et de rétablir la situation au Sud du parallèle de Péronne sur la ligne Péronne-Noyon... La Ire armée (Debeney) ou prolongera la gauche de la 3e armée pour la relier à la droite britannique si celle-ci continue à tenir, ou renforcera et étayera la 3e armée, soit en occupant à l’avance les positions de repli, soit en contre-attaquant. » C’étaient les premiers ordres partis de Compiègne. Le 26, une instruction très ferme définit le rôle de Fayolle : « La première mission du G. A. R. est de fermer aux Allemands la route de Paris et de couvrir Amiens. La direction d’Amiens sera couverte au Nord de la Somme par les armées britanniques aux ordres du maréchal Haig qui tiendra à tout prix la ligne Bray-sur-Somme-Albert ; au Sud de la Somme, par le G. A. R. sous vos ordres, en maintenant la liaison avec les forces du maréchal Haig à Bray et avec le G. A. N. (groupe d’armées du Nord-Franchet d’Esperey) sur l’Oise. » — et tandis que les ordres se succédaient brefs et nets, Pétain faisait appel au soldat : « Cramponnez-vous au terrain ! Tenez ferme ! Les camarades arrivent. »

Ils arrivaient d’Alsace, de Lorraine, de Champagne, grossissant l’armée Humbert, constituant l’armée Debeney. Et le 26, l’Allemand se heurtait à la droite d’Humbert et était arrêté. Si, à gauche, Roye devait être abandonné après des combats héroïques, on parvenait à tenir sur l’Avre.

Mais, fatalement, cette ligne encore faible devait céder, car Pellé repoussant, le 27, tous les assauts au Sud de Noyon et de Lassigny, le flot, rencontrant là une digue, devait naturellement refluer plus à l’Ouest. Il roulait vers Montdidier ; nos hommes, le 27, combattirent en ce jour, un contre six. Ils défendirent les bois de Tilloloy et de Marquivillers avec un acharnement qui ne fut point perdu : l’ennemi allait arriver à Montdidier, mais hors de souffle et saigné aux quatre veines, et, derrière Montdidier, l’armée de Debeney se soudant enfin à l’armée Humbert, la brèche se fermerait.