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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/836

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les Allemands avaient atteint Saillisel, Rancourt et Clery et on avait dû, après avoir évacué Bertincourt, replier le 3e corps. Ce repli se faisait à la vérité sans aucune panique. « Les unités, écrit le grand chef, se repliaient froidement quand elles se voyaient tournées et menacées d’être coupées, mais en bien des endroits, elles livraient des combats furieux et toutes les fois que l’ennemi tentait une attaque de front, le repoussaient avec pertes. » Une brèche s’étant produite près de Combles, on avait dû abandonner la ligne Combles-Bapaume et se replier sur la ligne générale Barentin-Le Sars-Grevillers-Ervillers. La Somme ayant été franchie par l’ennemi, celui-ci, le 24 encore, avait rompu la liaison entre deux divisions et élargi la brèche à Pargny. Le 25 mars, c’était l’Ancre qui était franchie par les Allemands. La droite du 4e corps, refoulée, ayant dû abandonner Grevillers et, d’autre part, les troupes ayant entre Grevillers et Montauban perdu toute liaison, s’étaient repliées sur la rivière, élargissant la brèche entre le 5e et le 4e corps. L’ennemi menaçant le flanc du 4e corps, gauche de Gough, Byng qui venait de prendre le commandement de toutes les troupes au Nord de la Somme, dut faire encore replier celles-ci vers la ligne de l’Ancre. Mais déjà la rivière était franchie par les Allemands au Nord de Miraumont : le 4e corps se repliait alors vers la ligne Bucquoy-Ablainzeville, tandis qu’à droite, le reste des divisions gagnait la ligne Bray-sur-Somme-Albert. Au Sud de la Somme, une nouvelle brèche s’étant ouverte entre le 18e et le 19e corps, l’ennemi était entré à Nesle ; les Allemands ayant franchi le canal de Libermont, le 19e corps avait été refoulé en direction de Chaulnes. La situation étant devenue mauvaise au Sud de Barleux, il fallait encore ramener les troupes sur la ligne générale Hattencourt-Estrées-Frise. Elles étaient à ce point épuisées et les réserves nulles, qu’il fallait former un détachement de fortune, le détachement Carrey, dernière réserve, hasardeuse réserve, derrière les malheureux soldats de Gough repliée sur la ligne Le Quesnoy-Rosières et Proyart, se reliant aux soldats de Byng à Bray-sur-Somme. Et, le 26, on avait dû encore abandonner, entre Ancre et Somme, presque tout le champ de bataille de 1916 et Albert, précieux nœud de communications. Nos alliés alors s’arrêtaient. L’étude de cette retraite permettra de mettre en lumière l’héroïsme déployé par ces soldats désencadrés, sans cosse isolés, sans