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mûris et une volonté d’acier sur une foi absolue dans la victoire, — si chacun s’efforce de la mériter.


X. — LES PREMIERS ORDRES DE FOCH

Un tel homme et dans de telles circonstances n’attend pas une heure pour se poser le : De quoi s’agit-il ? se mettre en face de la situation, la juger, essayer de la maîtriser. Au fait, il la peut juger d’autant plus rapidement qu’à peine il a besoin de s’initier à quelques détails ; il la connaît, car ce n’est pas au fond de la retraite qu’en l’est allé chercher. Chef d’état-major général, vrai inspirateur des délibérations du Conseil interallié de Versailles, instruit mieux que personne du fort et du faible de chacun, il a entre les mains les éléments d’information générale ; la promptitude d’esprit dont, en tant de circonstances, il a donné la preuve, achève de l’habiliter, en quelques heures, à écouler, comprendre, juger, conseiller, diriger. Les instructions de Pétain du 24, la note de Haig du 25, lui indiquent nettement la façon dont les deux grands chefs conçoivent la situation : Haig entend avant tout, mû par un légitime souci, couvrir les ports du Pas-de-Calais, seuil de l’Angleterre ; Pétain, tout un insistant sur la nécessité de maintenir la liaison avec l’armée britannique, est — non moins légitimement — soucieux de « maintenir solide l’armature de l’ensemble des armées françaises, » de ne pas laisser couper ses armées engagées du reste de nos forces. Or, les deux idées s’excluent : il les faut concilier. Si les armées britanniques continuent à se replier au Nord-Ouest d’Amiens, Debeney se devra étirer démesurément à sa gauche et si les Français couvrent seuls Amiens, ce sera en risquant de faire craquer leur ligne au Sud de Montdidier. Un Foch cherche immédiatement la solution simple : pour le moment, tenir où chacun se trouve ; les troupes françaises et britanniques couvriront Amiens ; pour ce, les troupes engagées seront maintenues sur Place à tout prix ; sous cette protection, les troupes envoyées en renfort achèveront leurs débarquements et seront employées d’abord à consolider la 5e armée britannique, ensuite (voici où, pour la première fois, apparaît ce qui sera le constant souci de Foch pendant quatre mois), à constituer une « masse de manœuvre » dans des conditions à préciser. Ce qui, ayant tout,