Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/853

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étroite entre les armées britanniques et françaises, notamment par la possession, puis par la libre disposition d’Amiens. »

Les derniers combats, du 30 mars au 5 avril, semblaient avoir réalisé la première partie du plan ; on allait garder la possession d’Amiens. Far là l’ennemi n’avait pu réaliser jusqu’au bout le dessein qu’il formait, lorsque le 21 mars, il lançait contre le front anglais ses divisions : sans doute avait-il pu creuser une poche, profonde en certains points de près de 60 kilomètres, fait tomber les lignes de la Somme, occupé l’énorme plateau entre Somme, Oise et Avre, reporté son front à une lieue d’Arras, à trois lieues d’Amiens ; mais échouant in extremis dans son dessein il n’avait pu occuper, avec Amiens, le nœud de voies de terre, de fer et d’eau qui rendait si précieuse aux deux partis la possession de la grande ville picarde.

Peut-être s’y serait-il résigné s’il avait du moins réalisé ce qui parait avoir été l’objet essentiel de l’attaque, la séparation des deux armées alliées ; après avoir failli dix fois y arriver, il n’y était point parvenu. En poussant au combat divisions sur divisions, une, puis deux armées françaises, le général Pétain avait sans cesse bouché les trous qui, entre Chauny et Guiscard, entre Noyon et Roye, entre Roye et Chaulnes, entre Montdidier et Rosières s’étaient produits entre la gauche française, — sans cesse en mouvement vers le Nord-Est, — et la droite britannique se repliant vers l’Ancre. Lorsque l’intention du maréchal Haig avait paru de reporter nettement toute sa alarmée au Nord de la Somme, un ordre du général Foch, intervenant avec une autre autorité, avait lié les deux armées et, en fin de bataille, elles restaient liées en effet.

Il n’en allait pas moins que les résultats acquis par les assaillants, s’ils n’étaient point ceux qu’ils escomptaient le 21 mars, restaient considérables. L’ennemi avait réalisé vers Montdidier une avance qui le mettait à 80 kilomètres de Paris et à moins de 60 d’Abbeville ; qu’il entendit poursuivre son opération vers le littoral ou, ainsi qu’il paraissait en avoir eu quelque velléité, la diriger sur le bassin parisien, il était en situation de le faire, en face de positions défensives hâtivement organisées et qui, s’il ne perdait pas de temps et répétait l’attaque brutale du 21 mars, pourraient, semblait-il, résister moins encore que la ligne de défense que, ce jour là, il avait si rapidement renversée. S’il n’avait pu emporter ni même