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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/920

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brutaux, — nous regardaient passer effondrés, sans mot dire. L’un d’eux fut précipité du haut d’un escalier par une bande d’ouvriers flamands. Le directeur de la prison fut rossé comme plâtre et ne dut son salut qu’à des gardiens qu’il fit placer, revolver au poing, devant son bureau. Pendant une heure, dans cette immense prison, généralement silencieuse, ce fut un branlebas dont rien ne saurait donner une idée. Les condamnés allemands avaient été relâchés en même temps que les politiques, et, tandis que ceux-ci faisaient leurs préparatifs de départ, ceux-là pillaient et mettaient l’établissement à sac.

Deux heures après notre délivrance, nous quittions la prison de Siegburg. Nous prenions le train pour Cologne et, de là, pour Liège, et, le 9 novembre au soir, nous franchissions la frontière belge, au milieu d’un enthousiasme et de manifestations de joie que je n’ai pas besoin de décrire.

Nous étions heureux de notre liberté reconquise, heureux de saluer cette patrie pour laquelle nous avions lutté et souffert, heureux, surtout, de la savoir libérée et triomphante, sortie de l’effroyable lutte, pure de toute défaillance et s’imposant à l’admiration du monde par le prestige de sa grandeur morale.


VERHAEGEN.