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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/105

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rive droite. La lutte s’y continuait acharnée, dans la journée du 19. L’ennemi s’y défendant à coups de mitrailleuses, il les fallait réduire l’une après l’autre. On avançait lentement, mais l’on avançait. Ayant enlevé Chestres, le 19, on prit, le 20, Terron au Nord et les abords de Falaise au Sud. Le dernier massif boisé d’Argonne était donc, à son tour, débordé le 20, par l’Ouest, tandis que, poussant vers Boult aux Bois et Buzancy, les Américains le pouvaient déborder à l’Est. Grandpré aux mains des Américains et l’Aisne franchie par Gouraud, les armées de droite étaient en position de repartir, et leur avance pouvait avoir une influence considérable sur la bataille de la Serre engagée à leur gauche.

En fait, les deux groupes allaient, par leurs attaques, à l’Est comme à l’Ouest du Porcien, amener soudain la chute de la Hunding dans la première semaine de novembre.


LA DIRECTIVE DU 19 OCTOBRE

En somme, les dix jours qui venaient de s’écouler, marqués assurément partout de succès, grands ou petits, avaient, partout aussi, révélé l’âpre résolution que l’ennemi avait prise de tenir coûte que coûte. Le grand succès avait été en Flandre : de ce côté, les armées alliées semblaient en passe de ne se point arrêter et leurs victoires, en libérant toute une partie considérable des Flandres et toute la côte belge, avaient eu, d’autre part, pour effet, l’abandon par l’ennemi de toute la région de Lille et d’une bande considérable de terrain entre celle-ci et la région de Denain. Les armées britanniques, plus au Sud, avaient bordé, puis enlevé la ligne de la Selle et assaillaient la Hermann Stellung jusqu’à la pénétrer en certains points. Debeney, tout en les y aidant, avait établi son armée à l’Est de l’Oise et était en mesure de menacer le flanc de la Hunding Stellung et de prendre à revers les défenseurs de la Serre que Mangin et Guillaumat abordaient de front. Gouraud avait franchi l’Aisne entre Rethel et Vouziers. Les Américains, ayant en liaison avec lui conquis Grandpré, abordaient la Kriemhilde Stellung. Cette avant-bataille avait été d’ailleurs très dure, mais si elle prouvait la résolution de l’ennemi de ne céder que pied à pied, elle prouvait aussi qu’on finissait toujours par le faire céder. Un grand assaut était nécessaire contre le cercle de positions