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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/164

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concilier la tradition et le progrès, le travail de la femme et la persistance de la famille, l’éducation désintéressée et l’éducation utile. Ce qui est certain, c’est que les études des femmes doivent être renforcées, et qu’elles doivent aboutir à des grades utilisables, et, de toute façon, servir à quelque chose. Il reste cependant que l’éducation des femmes doit continuer à différer de celle des garçons, quoique des chemins de traverse puissent mener de l’une à l’autre, pendant la période de crise où les rôles des deux sexes sont mal délimités. Mais les confusions que cette crise a engendrées ne doivent pas être élevées au rang de conquêtes ; le progrès au contraire doit être cherché dans l’harmonie, non dans l’identité. Et de cette directive l’éducation doit plus que jamais s’inspirer, puisqu’elle a peut-être un courant à remonter. Sous ces réserves, il n’est pas douteux que la guerre aura légué à la plupart des femmes la noble obligation du travail, et que cette condition nouvelle de la femme crée à l’éducation de nouveaux devoirs. Ce qui est définitif, c’est cela ; ce qui est accidentel, c’est le trouble apporté dans la répartition des fonctions, et dans la direction même de l’éducation féminine. Il y a là toute la différence d’un progrès au désordre passager qui en est inséparable. Nous avons chèrement appris que toute marche en avant s’accompagne de convulsions et de fluctuations, jusqu’à ce que le front se stabilise..


RAYMOND THAMIN.