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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/779

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et par conséquent la France se rendront à merci. En revanche, pour avoir la certitude que les armées allemandes du front Ouest dureront le même temps en face d’ennemis qui, sans aucun doute, s’efforceront de les battre, il prend toutes ses précautions pour éduquer les troupes dans les méthodes défensives, perfectionner toujours davantage les procédés en ce genre de combat, et édifier de puissantes positions de repli où, à l’occasion, ses armées trop fortement pressées défieront tous les assauts. C’est à partir de ce moment qu’on voir surgir du sol les fameuses positions aux noms tirés du cycle des Niebelungen et dont l’ensemble constitua les lignes Hindenburg.

Au commencement de 1917, la Direction suprême n’ayant plus rien à faire dans l’Est, — les grandes attaques à repousser devant se produire en France, — Ludendorff fait transporter le Grand Quartier général à Kreuznach.

L’année sera dure ; il va falloir gagner une grande bataille défensive ; il serait sûrement plus prudent et plus économique de n’avoir à gagner que du temps. On ramènera donc le front qui court actuellement d’Arras à Noyon sur la ligne Hindenburg (Arras-la-Fère), qui est prête. Aveu de faiblesse sans doute, mais certitude de quelques mois de tranquillité dans cette région et possibilité d’y prélever un certain nombre de divisions qui pourront être dirigées sur les points menacés. Il y a compensation. Le repli s’exécute en février et mars 1917, après exécution d’un plan de destruction systématique du pays abandonné.

En avril, les attaques anglaises de la région d’Arras déconcertent quelque peu Ludendorff, — les moyens matériels dont l’ennemi fait usage sont encore plus puissants, et par suite plus meurtriers, qu’à la bataille de la Somme, — mais il en prend bientôt son parti, car il réussit à aveugler la brèche.

L’offensive française sur l’Aisne, le 16 avril, ne le surprend pas. Depuis février, il a saisi un document qui la lui a définie avec une suffisante précision pour qu’il ait eu tout le temps de se préparer à la recevoir. Et, en effet, cette attaque s’arrête dès les premiers jours pour expirer le mois suivant.

Ainsi se passent pour lui non sans épreuves, mais finalement sans désastre, les mois d’avril et de mai.

En Russie, la situation s’est considérablement modifiée depuis l’année passée, du fait de la révolution. Une active propagande