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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/780

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est exercée dans l’armée et dans le peuple russes. Au nombre de prisonniers que rapportent de simples combats locaux, à l’extension que prennent les colloques entre soldats au bord des réseaux de fils de fer, il devient évident que cette propagande porte ses fruits. Au reste, les Russes n’ont pas attaqué en même temps que leurs alliés et c’est déjà un immense résultat. Ils s’y décident en juillet, mais il est trop tard. Si les Autrichiens ne s’abandonnaient de plus en plus et ne perdaient décidément toute combativité, cette attaque ne donnerait à Ludendorff aucun souci, car il a pris ses dispositions pour l’arrêter d’abord et prendre ensuite l’initiative des opérations. En août, malgré la faiblesse des Autrichiens, malgré l’appui donné aux Russes par les Roumains, la contre-offensive de Ludendorff reconduit l’ennemi jusque sur le Pruth. Le rôle de l’armée russe est désormais bien fini. Encore un dernier choc, et cette armée sera par terre, incapable de se relever. Ludendorff compte le donner bientôt dans la région de Riga ; après quoi un pareil effort en Moldavie condamnera les Roumains au même sort.

Si la deuxième partie de l’année 1917 qui voit les terribles attaques des Anglais dans les Flandres, la surprise inquiétante de Cambrai, les violents coups de boutoir français de Verdun et de la Malmaison, vaut à Ludendorff bien des heures d’angoisse ; si la conquête de la Palestine par les Anglais le peine, il triomphe cependant de l’abattement à peu près définitif de la Russie et de la grande victoire remportée, grâce aux Allemands, en Italie. C’est sur l’Italie, en effet, qu’après l’exécution des Russes à Riga, il a dû diriger les forces primitivement destinées à la Moldavie, sous peine d’assister, au premier choc, à l’écroulement de l’armée autrichienne. Mais, ayant consenti le sacrifice, au moins en avait-il voulu tirer le plus grand bénéfice, en attaquant. Il avait ramené les armées italiennes de l’Isonzo sur le Piave.


La Russie tombée en déliquescence révolutionnaire est vouée à une soumission prochaine, que Ludendorff hâte par des interventions où une fois de plus son action n’est pas toujours conforme aux vœux du Gouvernement. En tout cas, la Russie n’étant plus un obstacle, le moment va donc venir, — et il faut qu’il soit proche à cause de l’Amérique, — où la presque