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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/880

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PROMENADE DANS LA BRUME


Paris, ville bien aimée,
Ce matin dans la fumée
A cligné ses doux yeux gris :
Un soleil d’un jaune sobre
Comme une rose d’octobre
S’est effeuillé sur Paris.

Partons dans le brouillard rose !
Toutes les maisons moroses
Ont l’aspect mystérieux :
Et des vapeurs clandestines
S’enfoncent les mousselines
En bonnets, jusques aux yeux.

Les passants les moins folâtres
Ont pris des airs de théâtre
Et de héros de roman :
D’illusions revenues,
Que nous croyons inconnues,
Nous peuplons Paris charmant.

Tout le long des quais, s’allongent
Des chalands chargés de songes
Sous les arbres orangés
Et dans le brouillard qui fume ;
Les feuilles fendent la brume
D’un frisson d’or propagé...

Au beau Pavillon de Flore
Une vitre se colore
D’une précoce clarté...
Dis, qui sait si cette chambre
Où tremble une lampe d’ambre
N’est pas un monde enchanté ?

Au loin, vois-tu Notre-Dame
Vague, monter comme une âme