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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/881

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Vers le ciel d’un mol argent ?
Et les monuments austères
Ne refléter que mystères
Dans le fleuve au gris changeant ?

Près des ponts fantomatiques
Vois, en boîtes, en boutiques
Tous ces grimoires anciens
Que tu prends pour de vieux livres,
Et que gardent, pour revivre,
Des marchands nécromanciens.

La brumeuse mascarade
D’un turban couleur de jade
A coiffé le Panthéon,
Dont le dôme, sous sa ouate,
Fait la figure béate
D’un sultan de l’Odéon.

Nous avons quitté les rives
Pour les terrasses déclives,
Les rampes et les gradins,
Du Luxembourg qui verdoie
Dans la nue où il se noie,
Limbes d’irréels jardins.

Pour y voir les jeunes rêves
Dépenser toutes leurs sèves
En joyeux jeux enfantins,
Pendant qu’une vieille idée,
Telle une aïeule ridée,
Les guette dans le lointain.

Le lourd Sénat léthargique
Est un grand palais magique
Qu’assoupit un enchanteur...
Des pelouses nuageuses,
Rouge autant que Bételgeuse,
Emerge la sauge en fleur.