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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/893

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Maitre, qui nous renseignerait si bien sur ses intentions spontanées et sur la vraie coloration, très lumineuse, de la Prise d’armes, qualifiée expressément, en 1768, de grand éclat de soleil ? A-t-elle péri dans quelqu’un de ces innombrables incendies du XVIIIe siècle à Amsterdam, ou bien reparaitra-t-elle au jour dans sa luminosité première, pour la joie des artistes et des dévots de Rembrandt ?

Quoi qu’il en soit, le Maître est déchargé de cette accusation de légèreté et d’imprévoyance, dont les résultats chimériques tombent avec cette assertion erronée, et nous nous trouvons en présence d’un grand tableau tronqué, mal déverni, mais dont on connaît maintenant le titre exact, le but et la composition préparée avec soin, au cinquième d’exécution, comme la plupart des autres œuvres de l’artiste.


II

Il saute aux yeux qu’il ne pouvait être question de représenter, ici, la Compagnie de Franz Banning Cocq, selon le titre actuel du tableau au catalogue du Rijksmuseum ; car ce serait une singulière troupe d’opérette que celle qui comporterait un capitaine, un lieutenant, un enseigne, deux sergents, quatre caporaux et un tambour pour commander seulement huit soldats, qui disparaîtraient tous sous les plis de l’immense bannière azur et orange que le Vraandig arbore si fièrement. L’ordonnance du magistrat d’Amsterdam fixe l’effectif de ces compagnies à 143 hommes, y compris les 3 officiers. La compagnie d’Abraham Boom comportait même 188 soldats, outre les 3 tambours, les 4 caporaux, 20 nobles, 2 sergents et les 3 officiers d’usage.

D’autre part, il semblerait y avoir une erreur de grade en ce qui concerne Franz Banning Cocq, qui devait être colonel de la garde civique, à cette époque, en remplacement d’Andries Bicker, élu bourgmestre, et non plus l’un des capitaines de ses compagnies de miliciens.

En effet, l’ordonnance prévoit que le colonel ne peut cumuler ses fonctions avec celle de bourgmestre, et Banning Cocq se démit, exactement, de son haut titre militaire, en 1650, lorsqu’il fut élu, à son tour, à cette fonction civile supérieure, qu’il briguait depuis 1633, en occupant les postes d’échevin, de