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Il convient également de mettre hors de pair M. l’abbé Hackspill ; moins connu à Paris que ses deux camarades de combat, il est en Lorraine au tout premier rang ; jeune prêtre, que sa vive intelligence, son activité, son souci des problèmes sociaux ont rendu populaire, surtout dans la région de langue allemande, la circonscription de Saint-Avold l’avait, avant la guerre, député au Parlement de Strasbourg après une lutte violente contre un concurrent prussien ; il avait, dès cette époque, usé de son influence pour hâter le rapprochement entre le Centre catholique, auquel il appartenait, et le Bloc indépendant ; directeur, depuis l’armistice, du plus important des journaux lorrains, il a continué la même politique ; par son exemple et par ses démarches, il a facilité la formation d’une liste commune sur laquelle il était utile et juste qu’il figurât. Un général, un ouvrier, un prêtre. Les autres candidats étaient aussi qualifiés pour défendre les intérêts divers des électeurs dont ils sollicitaient les voix. M. Guy de Wendel était le représentant naturel de la grande industrie ; aux titres que lui conférait son nom il en joignait de plus personnels, brillant soldat, décoré sur le champ de bataille, la croix de guerre constellée de palmes, au surplus orateur disert, esprit libéral et cœur généreux.

M. Robert Sérot, ingénieur agronome, d’une vieille famille messine émigrée après le traité de Francfort et rentrée chez elle après celui de Versailles, se constituait, servi par des amitiés puissantes, le porte-parole des cultivateurs. M. Louis Meyer, ancien député au Parlement de Strasbourg, était celui des commerçants. M. le docteur François, polémiste vigoureux, fort apprécié dans la région de langue française, avait l’expérience précise des questions administratives. M. Schuman, homme d’œuvres, excellent avocat d’affaires, paraissait désigné pour rendre de précieux services lorsqu’il s’agirait à la Chambre de mettre en harmonie la législation des provinces retrouvées et celle de la mère-patrie. Si l’on ajoute que chaque arrondissement avait fourni au moins un candidat et qu’un savant dosage était réalisé entre les anciens partisans du Centre et les anciens partisans du Bloc, on comprendra que la liste ainsi composée ait donné satisfaction sans peine à la grosse majorité de l’opinion.

On s’occupait d’ailleurs moins des personnes qu’â des programmes.