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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1898.djvu/38

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REVUE PÉDAGOGIQUE

Et je suis ainsi conduit à dire quel est, à mon avis, le meilleur procédé pour inculquer aux futurs agriculteurs les rudiments scientifiques énoncés plus haut.

On a beaucoup insisté depuis vingt ans sur la nécessité de former avant tout le jugement des jeunes élèves et de réagir contre l’usage presque exclusif que l’on avait coutume de faire de leur mémoire. Je suis convaincu cependant que les résultats pratiques les meilleurs seront obtenus en confiant à la mémoire de nos écoliers les notions précises, peu nombreuses d’ailleurs, qui constituent les bases du savoir à acquérir sur les bancs de l’école primaire ; avec la condition d’éclairer l’enseignement mnémotechnique de ces principes fondamentaux par des exercices dirigés de manière à former le jugement, c’est-à-dire par des leçons orales et des interrogations, indiquant à l’enfant le tour d’esprit qu’il convient de mettre en œuvre pour procéder à l’utilisation journalière et immédiate des éléments scientifiques inscrits au programme.

Et, pour l’objet de notre étude, le texte des leçons dont j’ai donné les titres ci-dessus devrait être concis, très concis même, de telle sorte qu’il fût possible à l’élève de l’apprendre par cœur et de le retenir presque à la lettre. Mais afin de former l’intelligence en même temps que l’on cultive la mémoire, il serait indispensable que l’étude mnémotechnique de la leçon fût précédée d’une explication, d’une paraphrase, faite par l’instituteur, et suivie d’interrogations variées, de problèmes ayant trait à la question, de petites rédactions sur le même sujet.

Avec cette méthode, il n’y aurait pas lieu de multiplier les expériences scientifiques ; nous faisons, en effet, appel à l’obéissance intellectuelle de l’enfant plutôt qu’à sa raison. Nous lui imposons des faits acquis, des vérités reconnues, des articles de foi scientifiques ; il importe qu’il les admette, qu’il les retienne et qu’il en fasse bon usage. Il ne faut pas cependant supprimer l’expérience de l’enseignement de ces sciences qui sont fondées sur l’expérience, et qui ont pour objet l’application expérimentale de leurs principes dûment établis. Les expériences de cours, qui ne seront pas trop nombreuses, auront pour premier résultat, important au point de vue pédagogique, de donner une autorité consi-