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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1898.djvu/39

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L’ENSEIGNEMENT AGRICOLE À L’ÉCOLE PRIMAIRE

dérable à la parole du maître et de maintenir plus vive l’attention des élèves ; un deuxième résultat plus appréciable encore sera de conduire les enfants à établir spontanément, presque instinctivement, des relations de cause à effet entre les principes fondamentaux, les lois générales de la science, et les phénomènes particuliers que l’agriculteur observe en cultivant ses champs et en élevant ses troupeaux.

Un petit nombre d’expériences sera donc nécessaire ; un trop grand nombre serait nuisible.

L’art expérimental est difficile et, quel que soit le zèle de l’instituteur, il ne lui sera pas possible de préparer beaucoup d’expériences avec le soin qui convient. Quelle que soit, en outre, son habileté professionnelle, ses expériences ne réussiront pas toutes avec la netteté, qui seule peut leur donner une valeur démonstrative. À vouloir faire trop d’expériences, l’instituteur perdrait son temps et enlèverait à son enseignement cette clarté et cette concision indispensables pour fixer l’attention du jeune élève, pour faire sur sa mémoire une impression durable.

Je viens de dire comment je concevais la préparation et la rédaction des dix-huit ou vingt leçons de sciences physiques et naturelles, qui doivent constituer l’introduction nécessaire à l’étude et à la pratique de l’agriculture. Ces leçons, très courtes en général, ne seront autre chose qu’une espèce de catéchisme scientifique à l’usage du futur cultivateur. Cela ne suffit pas. Bien que chacune de ces leçons contienne des indications au sujet des applications immédiates des principes et des lois qu’elle renferme, il est indispensable de compléter l’éducation de l’agriculteur en lui montrant, par quelques exemples, la manière d’utiliser la science qui forme le fond de ce premier enseignement.

Aussi, à ces leçons fondamentales données sur les bancs de l’école primaire, j’adjoindrais, afin de préparer le fils du paysan aux leçons qu’il recevra plus tard de la nature, quand il labourera ses champs et qu’il conduira ses troupeaux, j’adjoindrais, dis-je, une sorte d’enseignement intermédiaire, toujours très élémentaire, mais dans lequel se trouveraient réunies la partie scientifique et théorique avec la partie appliquée et expérimentale de la science agricole. Et chacune de ces leçons nouvelles serait commencée aux champs, terminée à l’école.