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REVUE PÉDAGOGIQUE

nids de « convulsionnaires », ou plus tard de partisans de La Chalotais, de l’abbé Grégoire et de la Constitution civile du clergé.

Mais de quelle façon introduire et réaliser cette propagande scolaire dans les conditions où l’instruction primaire était organisée sous Louis XIV ? D’une part, « pléthore de maîtres et d’écoles[1] » (de nombreux travaux récents l’ont surabondamment démontré) ; d’autre part, un enseignement officiel, très jaloux, comme toutes les corporations privilégiées de l’ancien régime. L’enseignement officiel, c’était le corps formé par ces 167 écoles de garçons et autant de filles, dispersées dans les 167 quartiers de Paris, mais groupées sous l’autorité du Chantre de Notre-Dame. Et, à côté des écoles primaires ecclésiastiques, patronnées par le gouvernement, d’autres écoles duraient depuis longtemps ou avaient été créées dans le courant du xviie siècle, qui n’étaient pas moins intolérantes : les écoles primaires annexes aux divers collèges de l’Université ; les écoles privées des « maîtres écrivains », constitués en une corporation que défendait, vigoureusement au besoin, un syndic ; les écoles de charité, qu’à l’instigation de Bourdoise, d’Olier, de tous les apôtres de la Contre-Réformation catholique en France au xviie siècle, la plupart des curés de Paris avaient fondées dans leurs paroisses. Avec toutes ces « pédagogies[2] », comme on disait alors, les nouveaux venus devaient compter, et, bien qu’en 1684 et 1699 des compromis eussent été conclus, qui limitaient les droits du Chantre de Notre-Dame, il était néanmoins fort difficile de glisser dans le réseau des enseignements publics ou privés, existants, une initiative nouvelle désireuse de rester indépendante et en dehors des cadres établis.

Ces difficultés expliquent apparemment la façon dont les Jansénistes s’y prirent.

  1. Guibert, J.-B. de La Salle, p. 167.
  2. Voir sur ces questions, à défaut des ouvrages d’histoire spéciale qui sont très nombreux et que nous ne pouvons rappeler ici, le chapitre de M. Alfred Franklin, dans la Vie privée d’autrefois : Écoles et Collèges, 1892, et les articles de M. A. Lechevalier dans la Revue pédagogique de 1906.